il paroît que les Tropiques fout la barrière que ,1a Natur»
lui a oppofée ; il ne vient pas haut de plus de deux pieds
& demi à riile-de-France, & il eft prefque tpujours au-
déiîôus de ce terme; il rend au plus huit à dix pour un ;
le grain en eft petit & peu farineux : on ie -plante depuis
Mai jufqu’à la fin de Juin : dans les années de féchereife il
11e vient point du tout, & les trop grandes pluies le font
pourrir ou couler ; ces deux caufes font que les bonnes récoltes
de blé font allez rares. La femence qui donne Je plus beau
blé eft celle de Surate, mais elle y dégénère très-vîte.
A J’Jile-de-Bourbon au contraire, les récoltes font prefque
toujours abondantes ; les blés y viennent prefque auili beaux
qu’en France , quoique cette Me foit encore entre les Tropiques,
mais Ion terrein eft tres-élevé.
J’ai vu en 1 77 0, à l’Ifte-de-France. à mon retour de
Pondichéry, chez le Curé des Pamplemouifes, un petit champ
de blé, lequel étoit de toute beauté; iiétoit d’égale hauteur,
&. il n’avoit guère moins de trois pieds : le l rcre (les Laza?
riftes deffervent les Cures de l’Me-de-Françe) m’alfura que
l’année précédente le même terrein avoit rapporté quinze
pour un. Ç ’étoit une efpèce de phénomène que ce champ
de blé; mais il faut tout dire, çetoit la deuxième récolte;
jamais, avant cette époque, ce coin de terre n’avoit reçu un
grain de blé , quoiqu’il y eût quinze ans qu’il fut défriché, il
étoit refté en favanne ou en herbage, c’eft-à-dire, qu’il s’étoit
couvert d’une elpèce de peloufe ou de grand chiendent fi épais
& fi élevé, que par-tout on y enfonçoit prefque julqu au genou,
P e plus, ce coin de terre étoit une petite vallée plate entre
deux petits remparts; les pluies loin d’en enlever la terre, ia
jbénéfiçioient au contraire, en y apportant des feuilles,
e’étoit enfin une elpèce d'expérience en petit. O11 avois mis
Jiuit cents livres environ de lèmence dans ce petit jardin ;
elles en rapportèrent environ dix mille, c’eft environ douze
& demi pour un ; mais il avoit fouffert des chenilles & des
papillons.
Sept cents livrés, dont plus de moitié de blé nouvellement
arrivé de Surate, l’autre de petit blé ou blé du pays,
furent femées, cette même aiinéé 1770, dans un champ, en
deux portons féparées : on fut obligé d’en replanter cent
livres de cette dernière efpèce, tant à caule de fa majivaiie
qualité, que par rapport au tort que pouvoient avoir fait les
rats à cette portion. Le blé de Surate nouvellement arrivé,
yint de la plus grande beauté, l’autre fut extrêmement petit
de paille & d’épi : il coula quantité d’épis de l’un & de l’autre,
ce qu’on attribua «ux pluies trop fréquentes ; les rats, loriqu’il
fut en épis, lui firent encore le plus grand tort, enfin toutè
cette quantité ne donna pas cinq mille; c’eft un peu plus de
fept pour un.
Enfin je vis, la même année x7 7 0 , un carré de terre uic,
fort inégal , d’un rouge foncé comme de la pozzolane, dans
lequel il vint de fort beau blé; ce carré avoit été fumé,
il ell: Vrai que ce blé 11’étoit pas, à beaucoup près, égal partout
, & cela venoit de ce que le terrein n'étoit pas plat,
mais montueux, & que les pluies en avoient dégradé le
pied en bien des endroits. C e blé ne donna pas plus de
huit pour un ; les rats, il eft vrai, lui firent beaucoup de
tort ; ia nielle l’attaqua auffi.
Cette cruelle maladie du blé fait beaucoup de tort aux
récoltes, elle fut confidérablé en 1770; j’ai vu, cette même
pnnée, trois à quatre épis de niellés fur une Touche de lèpt à