à letendue de côtes depuis la baie d’Antongil jufqu’au cap
d’Ambre, je ne prétends rien affiner fur fa pofition.
J’ai cherché, mais inutilement, à me porter au cap d’Ambre,
point d’autant plus important qu’il fert de départ prefque pour
tous les Vaiffeaux qui vont dans l’Inde par la petite route en
partant de nos Iffes ; j’avoue que je ne conçois pas comment
il fe peut faire que les Navigateurs aient reconnu que toute
la côte, depuis le cap d’Ambre jufqu’à la baie d’Antongil,
feroit de cinquante lieues trop dans i’E f t , & que depuis la
baie d’Antongil en allant dans le Sud, on ne trouveroit plus
que vingt-cinq à trente lieues de différence; car la côte,
depuis la baie d’Antongil jufqu’au cap d’Ambre, faifant un
certain angle avec le méridien qui gaffe par l’entrée de cette
Baie , il s’enfuit que les cinquante lieues que l’on auroit
trouvées au cap d’Ambre , feroient en partie évanouies à
l’entrée de la baie d’Antongil, & feroient réduites aux feules
vingt cinq à trente lieues que l’on trouve en cette Baie; en
forte que les vingt à vingt-cinq lieues de différence ou d#
furplus, depuis la Baie julqu’au cap d’Ambre, devraient être
réparties proportionnellement dans toute letendue de la côte:
& à la baie de Veimart, par exemple, on ne devroit guère
trouver, félon cette loi, que trente-cinq lieues; mais il y
a toute apparence que depuis la baie de Veimart jufqu’au
cap d’Ambre, la côte, au lieu de continuer de prendre de
l’Eft , change d’aire de vent & court dans l’Oueff : quoi
qu’il en foit, je donne ici un plan fort exaél de cette côte,
& de fon giflement depuis la baie d’Antongil juiqu’à 14^ 5 of;
c’eft-à-dire , pendant un elpace de vingt lieues marines ou
loixante minutes de degré; cet elpace de vingt lieues, g|(
Nord-eit-quart-nord & Sud-oueft-quart-fud du Monde.
M. de la Cour de qui je tiens cette Carte, a parcouru toute
cette côte en pirogue, & l’a ainii relevée avec le plus grand
foin; mais il rfcfte encore jufqu’au cap d’Ambre deux degrés
& demi dont j’ignore abfolument le giflement; au refte, dans
toute cette côte que je donne, il 11’y a pas tin feul port : on
ne trouve que trois endroits où de petits Vaiffeaux peuvent
mouiller ; mais ces endroits font très - peu fûrs & la mer y
bat en côte ; car les vents régnans les trois quarts de l’année,
font les vents du Sud au Sud-eft, qui frappent direélement
fur la côte : le feul endroit où l’on feroit plus tranquille eft
Viningbé, à 1 5d 50', encore faut-il mouiller par lëpt brades;
car quoique dans toute cette Baie il y ait de quatre à huit
braffes bon fond, les vents de Sud-eft y frappent aufli la côte ;
mais il y a un très-bon Barachoua pour de petits Vaiffeaux
en-dedans de la pointe du Nord du reffif, où l’on eft très à
l’abri mouillé par trois braffes dans ia baffe-mer ; il y a trois
braflës & demie de haute-mer & deux & demie de baffe-
mer (d), fond de fable vafeux; mais je dois avertir ici qu’en
176 1, la frégate la Gloire y entra le 1 o Juillet, qu’elle en fortjt
le 2 Août, chargée de quatre cents milliers de riz pour l’Ifle-
de-France, & qu’enfin le 5 elle périt fur la pointe du Nord
du refiif; que tout le riz fut perdu; perte que nous reflèn-
times d’autant plus à l’Ifle-de-France, que nous manquions
de vivres.
C e fait prouve deux chofes ; 1 .° la fertilité de Madagafcar,
& le danger de cette côte ; cependant M. de la Cour m’a
aflùré qu’il ne faut dans cet endroit que de ia précaution &
de la prudence pour en forlir : il y a bien peu d’endroits où
( d ) La mer y monterait donc de cinq pieds.