marque le thermomètre : j’ai très-fouvent fait à Manille
cette obfervation.
Je trouve, par exemple, dans mon Journal, que le 1 3
Février iy 6 y , ie thermomètre monta à 28 degrés & qu’ii
ne faifoit pas fort chaud: ie lendemain 1 4 , le thermomètre
ne monta qu’à 26 degrés cependant, nous trouvâmes à
Manille cette journée du 14 plus chaude que celle du 13 ,
& au coucher du Soleil il faifoit encore chaud ; mais, il faut
oblèrver que le 13, le vent fouffloit du Nord-eft petit frais ;
le 14 il étoit au Sud-eft calme»
L ’été eft chaud à Manille : j’y ai vu très-fouvent le thermomètre
à 34 & 35 degrés pendant Mai, Juin, Juillet
& Août. Je remarquerai encore ici, à l’occafion des chaleurs
à Manille , qu’après les pluies, lorfqu’elles font peu abondantes
& qu’il fait calme en même temps, la chaleur eft
plus fenfible qu’elle ne l’étoit avant la pluie, & quoique le
thermomètre, après ces pluies, foit plus bas d’environ un
degré. Cette fenfation vient peut-être de ce que la chaleur
élève de la terre l’eau nouvellement tombée, en la réduilànt
en vapeurs : dans ce cas, le corps humain éft dans un bain
continuel de vapeurs chaudes & fue étonnamment; de façon
qu’il éprouve une elpèce de défaillance • & c’eft vraifem-
blâblement cet état de foibleffe qui rend le corps humain fi
fenfible à_ la c. hÆakleur.
C ’eft fans croûte à cette iàlutaire tranfpiration, que les
Philippines doivent l’heureufo ignorance dans laquelle ils
font de cette terrible maladie appelée rage. (Voyez Tome I,
p. 6 8 0 ) .
Le changement de mouflon du Sud au Nord, eft toujours
précédé ou accompagné de trois ou quatre coups.de vent;
ce quj
d a n s l e s M e r s d e l ’I n d e . 343
ce qui ferable prouver que le changement de mouflon a
beaucoup plus de peine à fe faire à Manille qu’à Pondichéry,
où un lèui coup de vent décide la mouflon, laquelle reverie
encore quelquefois.fans aucun bruit.
Le mois d’Oélobre, temps du reverfement de la mouflon
3 la côte de Coromandel , & dans toute la prefqu’île en-
deçà le Gange & même jufqu’à Malacca, eft fort équivoque
à Manille. Il eft difficile, en effet, de dire à quelle faifon il
appartient ; il n’eft point de la mouflon du N o rd , encore
moins de celle du Sud ; c’eft une elpèce de faifon intermédiaire
qui tient des deux: c’eft en effet dans ce mois'que
l’on commence à reflèntir les coups de vent qui décident la
mouflon du Nord.
Les mouflons s’arrêtent aux Philippines ; elles fe font
encore cependant fentir dans les mers du Japon, au Nord
des Philippines, où l’on trouve une grande mer libre entre
elles & les côtes de Chine; mais les Philippines étant fort
élevées, elles arrêtent les vents de mouflon, qui font obligés
de fe fixer à ces îles fans pouvoir pénétrer plus loin. Il arri ve
de-Ià un fait tout-à-faît remarquable, comme à la côte de
Malabar; les vents trouvant 011 rencontrant, dans la chaîne
de montagnes qui forment ces îles du Nord au Sud, une
barrière qui les. arrête , ne peuvent tranfporter au - delà les
nuages qu’ils charient avec eux: ces vents font donc forcés
d’amaflèr & d’amonceler une quantité fi prodigieufe de
•nuages, que quarante à cinquante lieues environ au large
de ces îles , on commence à reflèntir du mauvais temps,
qui augmente à proportion qu’on avance ou qu’on approche
de la «côté.
A F Eft des îles Philippines, on trouve la mer du Sud
Tome II. X x