fon Écrivain : il y a dans ie Parian une prifon avec un Lieutenant,
& plufieurs Officiers de Juftice; une Églife parrochiaie,
adminiftrée par les Dominicains, qui enfeignoient la religion
aux Chinois, leur adminiftroient les Sacrémens Si la fépulture :
la.charge de ce Curé n’étoit pas forte anciennement, parce
quil y avoit très-peu de Chrétiens au Parian ; mais depuis
environ quarante ans, les Efpagnols n’en fouffroient point
qu’ils n’embraflent notrë religion.
Tout proche le Parian eft l’hôpital de Saint Gabriel; il
eft adminiilré par des Religieux Chinois de l’Ordre de Saint
Dominique.
Les Chinois fe font fouvent foulevés, & ont plus d’une
fois menacé Manille; nouvellement encore ils le firent pendant
la guerre, ce qui a été caufè qu’il vint en i y 6 7 , à Manille,
un ordre de la Cour d’Elpagne, pour chaffer de cette ville
tous les Chinois qui y étaient établis, avec défénfè à eux
de revenir à Manille pour y relier, fous peine de la vie.
Je ne fais fi la choie a été exécutée en totalité, parce que je
partis en Février de i’annéè lùivante 1768 ; mais dans le
mois de Septembre 1 7 6 7 , les Champans partirent &
emmenèrent avec eux deux cents Chinois du Parian &
quatre cents autres qui étaient arrivés cette même année
pour s’établir à Manille; le Gouverneur leur avoit intimé
i ordre de partir beaucoup plus tô t, ils trouvèrent le moyen
d eluder leur départ ; il en reftoit encore beaucoup en 1 76 8 ,
iorfque je fuis parti de Manille, qui n’avoient pu s’embarquer
avec les autres faute de V aifleaux, ils en attendoient
cette même année pour partir. Le commerce entre les Philippines
nen continue pas moins; car cesTfles, dans l’état
.eu,elles font, ne peuvent s’en paffer.
Je n’ai pas connu à Manille d’Efpagnoi qui ne regrettât
fincèrement le départ des Chinois, & qui n’avouât de bonne
foi qu’on s’en reffentiroit aux Philippines, parce que l’Indien
n’eft pas capable de les remplacer ; c’eft en effet un peuple
mou de fa nature, pareffeux & peu ambitieux; quand il a
amaffé de quoi paffer quelques jours, il fe repofê, ceffe le
travail, paffe fon temps à fè réjouir, à danfer, &c. & il ne
reprend point le travail qu’il n’ait achevé de confommer
tout fon argent : le Chinois au contraire eft très-laborieux.
Le Parian étoit une elpèce de halle ou de"marché, où l’on
trouvoit à fê pourvoir de toutes chofes néceffàires à la v ie ,
& ce n’eft pas fans raifon que les Efpagnols regrettaient la
perte de ce peuple laborieux.
Il y a cinquante ans que Cavité formoit une peuplade
confidérable, mais la mer en a ravagé une partie ; en moins
de cinquante ans, elle avoit détruit un couvent de Francifcains,
une aile entière de maifons, l’hôpital de Saint Jean-de-Dieu,
des cafernes confidérables, trois forts Si un cavalier; pour
arrêter les progrès de la mer, on lui a oppofé un fort rempart
de pierres Si à chaux; le pied en dehors eft garni de
groifes roches dont on ne cefle d’augmenter le nombre, qui
rompent les efforts des vagues de cet élément ; ce rempart
eft garni d’une banquette : cet ouvrage enferme toute la partie
du nord de Cavité, & a 575 toiles de longueur; il fut
fini en 1701 ; la ville de Manille contribua aux frais de
cette utile entreprile.
A Cavité, il y a un fort ou une citadelle garnie d’artillerie,
on le nomme la force Saint-Philippe ; cette fortereiîe n’eft
pas capable d’une grande réfiftance. La ville elle-même,
Manille , eft très-mal fortifiée & affez peu fufceptibie de