V G Y A G E
aborde, il vous dit fialama ; ce mot eft le feul dont ifs fe
fervent au Fort-dauphin. A Fouipointe, à Sainte-Marie 8c
à ta baie d’Antongil:, ils emploient ordinairement finar; ainii,
iorfqu un Noir vous aborde en vous diGmt finar tanao, e’eft
comme s’il vous difo-it bon jour vous, bon jour toi*
Les femmes , tes premières fois quelles vous voyent*
donnent un bon jour plus intéreiîë; elfes vous difent fialama-
yola, ce qui fignifie donnez-moi de l’argent pour fialam,
ou bien, donnez-moi le bon jour en me faîfant un préfent
d'argent; elfes difent encore fialama-fiaimhou, donnez-moi
le bon jour en me faifant préfent d’un fiaimhou. Us ajoutent
encore quelquefois par eonfidération l’adjectif fiara ( bon ) à
finar; ainfi, quand un Noir vous fàlue en. vous difant finar
fiara ( bon jour bon ) , c’eft une très-grande marque de confi-
dération de fa part.
Acor-cabari (quelle nouvelle! quoi de nouveau]! S is,
il n’y en a point, il n’y a rien de nouveau, ou Amplement,
tien , non; car fis répond proprement à notre négation, non p
qn répond fis-cabar, Quand; on demande à quelqu’un comment
il fe porte, il répond Amplementpola-fiara, c’eft-à-dire
comme une bonne chofe, comme quelque chofedebon; bien.
Ils n’ont point de terme pour exprimer le mot mer; ils fe
fervent de ranou indiftinétement pour toutes les ©aux en
général & même pour les rivières-: o e il l’adjeétif qui marque
i’eipèce d’eau; car ranou feul déAgne de l’eau douee; Ainfi la-
mer ou eau falée eft cbez eux la même cbofe & fe nomme
ranou-mafifie ; mafifie, mis devant ranou., & qui veut auffî dire
eau iàlée, s’applique particulièrement aux rivières dans lel-
quelles la mer entre : il y en a une à Fouipointe qu’on nomme
par cette raifen mafiin - ranou. Foulehy ( blanc, blanche)^
s’applique aufft aux rivières ; ainfi on dit ranou-fioutchy, eau
blanche. 11 y a, à la baie d’Antongil, une rivière charmante
de ce nom, dont j’ai parlé ci-devant; line autre rivière, à
Fouipointe, fe nomme Pacem-bola, làble d’argent: de oung
(pied) & de hé (grand), ils ont formé oung-bé (grand
pied) ; c’eft le nom de la rivière de Fouipointe: bé lignifie
donc grand, 8tmarou beaucoup; ainfi marou-béeft un fuper-
latif qui veut dire beaucoup grand ou grand nombre.
Lorfqu’ils veulent exprimer quelque chofe de plus encore,
ils prononcent bé très-long, comme s’il étoit écrit avec deux
à trois e , bée ou béée. Ils marquent encore les fuperlatifs en
alongeant beaucoup la première fyliabe de l’adjeéïif ; par
exemple, rat-chi ( mauvais ) , s’ils veulent exprimer quelque
chofe de très - mauvais, ils traînent la première lyllabe en
appuyant deflits pendant environ deux fécondés de temps
avec un air d’exclamation.
Aombéfignifie boeuf; ils en ont formé avec marou ( beaucoup)
le nom d’un village à Fouipointe, il fe nomme Marouaombé,
parce qu’en effet c’eft une elpèce de marché comme celui de
Sceaux ou de Poiffy. Vafa fignifie homme blanc; fiangan,
prononcé tout feul, veut dire lève-toi, & fiangan, fiangan,
exprime l’aéîion de fe promener, toujours infinitif, car ils
n’ont point d’autre temps que celui - là ; mangiii, fe taire ,
veux-tu te taire, ou tais-toi: vefie, nager, pagayer; il fe dit
auffi à l’impératif, vefie ( nage, pagaye ).
Les noms des Chefs font fignificatifs comme ceux des
femmes ; j’ai connu un C h e f qu’on nommoit Mandïne ( qui
danfe ) ; un autre Mahertombe ( homme fort ).
Ils ont quantité de mots fur la finale deiquels ils n’appuyent
prefquepoint; par exemple, dans ranou, qui veut dire de l’eau,
D d d d ij