car étant calcinables , elles font d’une nature bien différente
de ceile du grès. Ces pierres de coraii ne m’ont donc
paru formées que de fable caicinabie tres-fin, &. de coquillages
brifés; elles font fans doute, l’effet des flots de la mer, qui
ayant attaqué les coraux & les madrépores qu’elle nourrit,
les a ufés.& réduits en fable très-fin, puis en a tranfportéfur
fon bord les parties, les a collées & liées enfemble au moyen
de quelque fuc qu’elle y a mêlé, & en a formé une pierre très-
dure qui fert à bâtjr. Cette fécondé efpèce eft donc compoféç
de la première ; mais la fécondé fournit beaucoup plus de
chaux à volume égal. Le banc de l’Hôpital eft prefque tout
de la première efpèce, & voici en quoi il eft remarquable.
Ce banc peut avoir quatre-vingts toifes de largeur & cent
quarante de longueur, plus ou moins, car je ne l’ai pas mefuré;
il s’avance entre un petit bras de mer à droite, & le Port à
gauche; fa hauteur au-deffus de la mer eft de dix pieds
environ ; on y monte du Port par une pente douce qui
y eonduit : de ce côté on l’a taillé à pic , & à cet endroit font
les forges du port. Cette efpèce de cap eft d’abord compofé
de greffes roches de quartz, de quatre à cinq pieds de hauteur,
qui pofent fur un fond de fable rougeâtre : ce fable ou
cette terre , qui eft de même nature que celle de l’ifle, effayée
dans i’eau-forte, ne m’a donné aucune chaleur ni ébullition.
Le banc de corail qui a quatre à cinq pieds .d’épaiffeur, pofe
immédiatement fur le banc de roche : on voit à peu-près la
même ehofe au moulin à poudre vis-à-vis l’Hôpital. L’île
aux Tonneliers n’eft également qu’un banc de corail & de
coquillages d’une demi-lieue environ de longueur, fur un
demi-quart de largeur. On trouve à Flacq deux grandes
plaines de cette efpèce, qui s’étendent à droite &. à gauçhe
du port
du port de ce nom, fi c’en eft un ; ces plaines font en partie
couvertes d’une légère peloufè ; j’en ai vu de pareilles vers
la grande baie & à la petite rivière, & il eft bon d’obforyer
que prefque toutes ces plaines font noyées dans les ouragans,
& que plufieurs de tous ces bancs font fendus perpendiculairement.
Le même arrangement s’obferve encore entre le
Port-Louis & la grande rivière; car les bancs de roches
dont j’ai parlé ci - devant, font également recouverts d’une
couche de madrépores.
Outre ces plaines ou bancs de coraux que la mer fomble
avoir formés &. abandonnés, l ’Ifle eft encore prefque toute
entourée de reffifs ou brifàns, qui s’étendent la plupart une
demi-lieuë en mer, plus ou moins; quand la mer eft haute,
ils font couverts, mais lorfqu’elle eft baflë, il n’y a qu’un
pied & demi ou deux pieds au plus d’eau fur tout l’elpace
qu’ils renferment , & on peut alors aller dans bien des
endroits fur ces reffifs. Rien n’eft en. effet plus agréable que
ces parties de plaifir lorfque la mer eft tranquille, & que le
temps eft beau ; on voyage au milieu d’une forêt de coraux
de toutes fortes de couleurs, dont la tige eft toute hors de
l’eau; il y a des temps où vous voyez les polipiers fortir.de
leurs demeures fous la forme de panaches ou de longues
aigrettes; on rencontre les plus beaux poiflbns par la variété
de leurs couleurs, des champignons de mer, &c. le fond
eft en outre tapiffé d’ourfins de différente efpèce ; mais ces
ourfins fe trouvent en plus grande quantité dans les creux
des coraux, d’où il eft impoifible de les tirer entiers ; l’ouverture
de cette efpèce de demeure eft fi étroite, qu’eux-
jnêmes n’en peuvent pas fortir.
Après les coups de vents & les ouragans, les bords de la
Tome IL O o o o