du Soleil : il fait calme plat pendant le refie de la nuit. La»
mer, qui eft ordinairement haute comme des montagnes
pendant la brife dans la Baie, eft comme un étang pendant
la nuit, jufqu’au moment que la brife reprend.
Quelquefois la briie ne commence qu’à 10 ou r i heures;
quelquefois, mais plus rarement, elle ne commence qu’à
midi ou midi & demi ; d’autres fois encore, après avoir
considérablement diminué avant le coucher du Soleil, elle
fe réveille vers les 8 heures du foir, fouffie avec de nouvelles
forces, & dure prefque pendant tout le refte de
la nuit.
Ces brifes commencent d’abord à fouffler du Nord ou
du Nord-nord-eft; peu-à-peu elles tournent vers l’E ft, &
relient au Nord-eft-quart-eft, ou varient d’un quart de plus
ou de moins : le foir, les vents retournent infenfiblement
vers le Nord, à proportion que la brife tombe.
On juge ordinairement au lever du Soleil, de la force
dont doit être la brife : l’horizon eft-il bordé, du côté de
lE f t , dune barre épaiffe de quatre, de cinq degrés plus ou
moins d’épaiffeur ou de hauteur au-deffus de l’horizon,
c’eft un figne de grande & forte brife; ce qui fait que
rarement on voit lever le Soleil au Fort-dauphin, du moins
pendant les mois d’Oélobre & de Novembre.
Des Officiers de Vaiffeau, qui ont Séjourné plufieurs mois
au Fort-dauphin, m’ont affiné qu’ils avoient remarqué que
ces grandes brifes étoient fojettes à des révolutions , qui
arrivoient, félon eux, quelquefois dans les nouvelles &
pleines Lunes, d’autres fois dans les quadratures: les vents,
pendant ces révolutions, font le tour du compas dans l’efpace
de 2 4 heures, & fe fixent quelque temps au Sud-eft; ces
derniers vents font quelquefois très-forts, & prefque toujours
accompagnés d’abondantes pluies.
J’a f vù quelques-unes de ces révolutions ; elles font précédées
d’un calme infupportable, par la chaleur qu’on éprouve
alors, & qui eft fuivi d’éclairs & d’orages confidérables : ils
fe tiennent ordinairement dans les montagnes où il tonne
beaucoup , mais fort peu au Fort-dauphin.
Cependant, les vents toujours foibles paifent au Nord-
oueft, à l’Oueft, au Sud-oueft & au Sud, & c ela , dans
l’efpace d’un jour ; ils pouffent enfin jufqu’au Sud-eft, & ils
y reftent environ deux jours. On trouvera ci-après des Tables
qui mettront le Leéteur curieux mieux au fait de ces révolutions
arrivées pendant mon féjour au Fort-dauphin, où l’on
verra qu’elles n’ont pas été plus ordinaires dans les nouvelles
ou pleines Lunes ou dans les quadratures, que dans tout autre
point de l’orbite lunaire.
Lorlqu’on eft une fois au Fort-dauphin, dans le fond de
la Baie, on n’en fort pas comme l’on veu t, parce que le
vent eft toujours debout : on profite des révolutions de vent
quand il en vient, & des petits temps à la faveur defquels
on fe toue,- jufqu’à ce qu’on foit affez évité pour pouvoir
doubler la pointe du reffif, dont il eft bon de paffer à une
demi - lieue.
Pendant que ces vents & ces révolutions fe font fentir au
. Fort-dauphin, à 2.5 degrés de latitude, on en relient d’autres
à Foulpointe, au Nord du Fort - dauphin, par 18 degrés de
latitude.
O11 y trouve une elpèce de mouflon, en forte que depuis
Avril environ ou Mai, jufqu’en Oélobre ou Novembre, les
D d d ij