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Le rivage où eft la petite anfe eil prefque tout droit, 0
par conféquent cette anfe n’a prefque point d’arc.
Vers le milieu de cette anfe, ou plus exa&ement de la
côte, on trouve encore deux autres petites anfes de fable à
côté l’une de l’autre; on mouille vis-à-vis de ces deux anfes,,
à une demi-encablure, 8i moins, fi l’on veut, de la côte.
Dans cet endroit, on a la commodité de l’eau & du bois s
on a dans chacune des anfes un ruiffeau ; mais on Fait toujours
Fon eau à l’anFe la plus méridionale : on y établit une jumelle,
& l’eau s’y Fait, par ce moyen, avec une Facilité admirable;
cette eau eft excellente.
Rien n’eft fi agréable que la pofition d’un Vaifleau mouillé
dous l’île Marotte, fur-tout le.matin au lever de l’aurore; on
eft réveillé par un chant confus, mais agréable, d’une multitude
étonnante de différens oifeaux habitans de cette Iile ;
& la vue eft en même temps récréée par l’alpeél le plus
charmant que vous offre cette même Ifle toujours verte, &
une mer unie comme une glace de miroir, le tout accompagné
de la plus agréable température.
La defcente à terre n’eft pas fi facile à' ces deux anfes
qu’à la grande; la mer y a toujours un petit mouvement,
ou une barre, qui Fait qu’on ne peut pas mettre directement
pied à terre comme on fait dans la grande anfe.
Le mouillage ious l’île Marotte eft , félon M. de Joannis,
par onze à douze braflès, fond de vafe, la pointe de i’Eft
de l’île Marotte à l’Eft & à un quart de lieue, & la pointe
la plus Oueft au Sud-oueft, auifi à un quart de lieue ; on
eft alors à une portée de fufii du travers des deux anfes.
Cet endroit eft très-ifir, félon le même Officier, pour;
d a n s l e s M e r s d e l I n d e . 'dflfj
pafler un ouragan & même pour hiverner ; mais M. de
Joannis confeille alors d’empenneller fes ancres; car quoique
le fond, dit-il , foit de vafe , pour n’avoir pas eu cette
précaution, k 22 d ’Avril 1 7 4 3 , fur le vaifleau le Fuivy,
Capitaine * * * , nous fumes deradés par un violent ouragan,
qui nous promena dans 1e fond avec nos ancres, de manière à
nous occafionner bien de l inquiétude.
L ’île Marotte eft couverte de roches énormes , pour la
groffeur dont font la plupart; i’Me elle-même, à en juger
par les ravines, ne paroît être qu’un roc recouvert d’une
couche fort épaiffe de très - excellente terre: les bois y
reviennent très-vîte, à ce que Ion ma affiné. Dans laïife
la plus feptentrionale , il y a une groffe roche fur laquelle
il y a de l’écriture en gros caractères Romains, qu’il nè
m’a pas été poffible de déchiffrer, la plus grande partie étant
effacée ; on n’y reconnoît qu’une date , qui eft 1621 : les
pluies mangent peu-à-peu cette roche, qui eft cependant d’une
très-grande dureté, m’ayant paru être une efpèce de quartz.
Les Matelots qui vont à la baie d’Antongil, croient tous
qu’il y a un tréfor caché fous cette roche; dans cette per-
fuafion, les nôtres creusèrent au pied un grand trou; ils ne
trouvèrent rien, mais je ne fais s’ils furent défabufés par cet
effai: le fable des bords de la mer eft du fable véritable; iï
y en a de blanc & de rougeâtre.
Au Sud de l’île Marotte il y a plufieurs îles, que les
Naturels nomment Nofli-fany, îles aux Chauve-fouris ; elles
en font en effet couvertes, de la groffe efpèce qui èft aux
îles de France & de Bourbon.
Ces îlots font aufli remplis d’huîtres excellentes ; nous
en avons beaucoup mangé : les Noirs s affembloient par