M., Fayette fo retira. Cette même après-midi, l’Archevêque
voulut aller en perfonne reconnoître la.brèche, c’eft
un fait qui m’a été attelle, & que l’Oidor * * * & le Fifcal
l’en empêchèrent ; ils ne vouloient pas, difoient-ils , que fa
Seigneurie iiluilriffime s’exposât à un danger auffi évident :
il eft vrai quêtant auprès de là perfonne pour l’alfiller de
leurs confeils , il eût fallu que ces deux Oidors FeuiTent
accompagné dans fa viiite.
Don Andrés Roxo m’a fait voir la copie d’une des lettres
écrites au Roi par ce Prélat, étant à l’article de la mort,
dans laquelle il rendoit à Sa Majellé compte de là conduite,
& lui demandoit pardon des fautes qu’il avoit commifes :
en touchant l’article que l’on vient de voir, concernant la
viiite de la brèche, plût à Dieu, dit-il, qu’un boulet de canon
eût alors terminé mes jours.
Le lendemain matin, vers les fix heures, le même Officier
( M. Fayette ) retourna faire une fécondé tentative ; il parvint
enfin jufqu’à l’appartement de i’Archevêque ; mais ce fut après
avoir trompé & endormi le vigilant Oidor : il étoit alors
trop tard de délibérer. On vint annoncer que l’ennemi étoit
fur la brèche, en poffieffion du baftion de la Fondition.
Les Anglois s’étoient diviles en trois colonnes ; celle qui
devoit monter à la brèche fut précédée de trente Volontaires
& de travailleurs, qui franchirent les premiers , mais qui
vraiièmbiablement favoient bien qu’ils ne trouveroient que
très-peu ou point du tout d’oppolition.
La brèche étoit à peine praticable, & ces Volontaires
eurent de la peine à la franchir : arrivés fur le baftion, ils
ne virent perfonne qui leur diiputât le terrein ; ils crièrent
à leurs camarades qu’ils ne rencontraient point d’obftacles,
& en effet, le peu de monde qu’on avoit mis fur le baftion
avoit pris l’épouvante, & avoit fui d’un côté & d’autre le
long de la muraille; quelques-uns même, fe précipitèrent
en-dehors des murs. La colonne voyant que ces Volontaires
n’effuyoient aucune réfiftance fur le baftion , monta bravement
à la brèche , & s’empara du baftion. Les Volontaires
allèrent à la porte Royale ; là , ils trouvèrent une foible garde,
qui, de frayeur, s’alla réfugier fous un autel de la Vierge qui
étoit dans le corps-de-garde , & vis-à-vis duquel toute la
garde récitait le Rofaire foir & matin : elle crut être préfervée
de tout danger; les Anglois peu fcrupuleux, la maffacrèrent;
ils ouvrirent la porte au refte des troupes, qui n’étoient que
des Cypayes, qui compofoient la fécondé colonne: c’eft ainfi
que Manille fut prife d’affaut.
La veille de ce trifte événement, l’Archevêque prévoyant
le défordre qui pourroit arriver dans les provinces, fi Manille
tomboit au pouvoir de l’ennemi, fît fortir de cette ville un
Oidor, nommé Don Simon de A n d a , le moins ancien de
tous, avec le titre de Vifiteur général des provinces, & de
Lieutenant du Capitaine général des îles Philippines, afin
de contenir les Indiens dans l’obéiflance : c’eft ce même
Oidor qui depuis a été nommé Gouverneur de Manille.
(Voyez l ’article Jtxième, p. iy q ) .
Le Journal pourfuit :
« Le 4 , à la diane, les ennemis commencèrent à envoyer
des carcaffes dans la Place , qui mirent le feu à quelques «
édifices , & q u i, joint à celui des batteries de mortiers & «
de fufillade de la tour Saint-Jacques, qui reflèmbloit à une «
pluie de grêle , mit la garnifon & les habitans dans une «
grande confternation, & qui augmenta par degrés. Toute la «