iùrpris par l’ennemi ; car il n’eft pas poffible de voir les
Vaiffeaux qui viennent dans le fond de la Baie, & on ne les
aperçoit que lorfqu’ils ne font plus qu’à la portée du canon:
on peut remédier à ce petit inconvénient, en .établiiïant des
vigies fur le fommet de l’Ifle, qui ayant, comme je l’ai dit
ci-devant, 162 toifes de hauteur au-deffus du niveau
de la mer, mettroient ces vigies à portée de voir ce qui fe
pafferoit au vent, & de le fignaler, ou d’en donner avis en
très-peu de temps. M. de la Bourdonnaie eut toujours une
vigie fur le fommet de cette Ille, pendant le temps qu’il
relia à la baie d’Antongil à fe raccommoder ; de plus on
feroit fur fes gardeS, & l’Ifle eft faite par la Nature de façon
qu’on peut la fortifier à très-peu de frais, y établir de bonnes
& fortes batteries à barbette, qui plongeroient toutes fur les
Vaiffeaux ennemis, défendroient par confçquent l’approche,
fans que ces Vaiffeaux fuffent dans le cas d’incommoder
les Vaiffeaux qu’on auroit en rade & encore moins les
batteries.
A r t i c l e d i x - h u i t i è m e ( a ) .
Sur les Terres aujlrales.
F l a c o u r t , dans fon projet d’établiffement de Madagafear
Si de fon commerce, parle des Terres auftrales (pages 4.64.
& fuivantes) il rapporte affez en détail l’expédition de
Gonneviile, qui étant parti en 1503 d’Honfleur, dans le
deflein d’aller dans l’Inde, s’égarà vers la hauteur du cap
de Bonne-efpérance, fut battu par une longue tempête &
( a ) U n e p a r t i e d e c e t a r t i c l e a é t é I û à l ’ A c a d é m i e R o y a l e d e s S c i e n c e s
l e f a m e d i S A v r i l 1 7 8 0 .
jeté fur des cotes’ inconnues, par 4 4 degrés de latitude
auftrale.
Le defir d’avoir des éclairciffemens fur ces pays méridionaux,
que Gonneviile avoit peints à fon retour en France
avec les plus belles couleurs, détermina la Compagnie des
Indes de France à faire une expédition eil 1738 pour les
Terres auftrales: deux Vaiffeaux, l'Aigle & la Marie,
furent donc deftinés pour ce voyage.; ces Vaiffeaux avoient
à leur tête un excellent Marin, très-expérimenté & très-
intelligent ; car je dois rendre publiquement cette juftice à
M. de Lozier - Bouvet, que je refpeéie à tous égards. Ils
relâchèrent à l’île Sainte - Catherine , côtes du Brefil, d’où
ils partirent le 13 Novembre , fans doute trop tôt ; mais
M. Bouvet comptoit vraifemblablement trouver les terres
de Gonneviile par 4 4 degrés, au lieu qu il alla jufqu a
54 degrés fans rien trouver que quelques glaces.
Parvenus à cette latitude le i .er Janvier 1 7 3 p . ils difent,
fur l'Aigle, qu’ils virent la terre, qu’ils nommèrent le cap
de la Circoncifion ; ils louvoyèrent avec une peine infinie
aux environs de ce cap pendant dix jours, fans pouvoir
approcher plus près- que de trois a quatre lieues : le temps
étoit affreux , embrumé , l’horizon très-gras , étant obligés
de tirer du canon pour ne pas fe féparer de la Marie. Les
glaces les ferrant toujours & les empêchant d’approcher;
enfin, l’impoffibilité de voir de près les prétendues côtes,
les vivres commençant peut-être à être courts, déterminèrent
le Commandant à arriver & à faire route pour le cap de
B on ne-efpérance.
On ne douta point en France ni dans le refte de l’Europe,
que le cap de la Circoncifion n’exiftât- M. Buache le mit fur
P p p Ü