arrangement qu’à l’Ifle-de-France. Le quartier de Saint*
Denys,- plat & un i, offre un arrangement bien fmgulier, &
qui du moins eft très-poftérieur aux premiers effets du volcan
fur cette Ifle, fi jamais il a pu la culbuter.
On voit cet arrangement fmgulier à la rivière de Saint-
Denys, dont les bords font efcarpés, & qui n’a pas moins
de cinquante à foixante pieds de profondeur au-deffus du
terrein de la ville. Ces bords font des roches pofëes par
couches horizontales les unes au-deffus des autres, & le defîus
eft un terrein aride, fablonneux, & rempli, en partie, de
chiendent.
Les bords de la mer font bordés de gros galets dont la mer fe
joue continuellement, en les enlevant & les repouffant prefque
toujours avec une efpèce de fureur ; ce qui fait un bruit à étourdir
: or, ce que je trouve de très-fmgulier, c’eft que, fous cette
couche horizontale de roches, & au niveau de la rivière,
règne une autre couche de galet femblable au galet du bord
de la mer ou du fond de la rivière. En eonfidérant le pied
des montagnes de Saint-Paul, en allant à ta pointe de Saint-
Gilles, où il y a plus d’une demi-lieue, on voit que tous les
bancs de roches qui font confidérables, pofent fur une couche
de cailloutages ou de petites pierres roulées, formant avec
un peu de làble un corps ibiide. Le fable de Saint-Paul
n’eft lui-même que la pouflière ou les débris des pierres roulées
& des galets dont cette partie de l’Ifie eft remplie; mais ce
que je remarquai le plus, eft que tout ce côté eft coupé à pic,
& fort élevé en .certains endroits, & que la coupe fait voir
les différentes couches de pierres, & toutes inclinées à 1 horizon
d’une certaine quantité. La pointe Saint-Gilles eft une
elpèce de cap : à cette pointe on voit fénfiblement que les
touches de pierres ne font point horizontales; mais en les
fuivant pendant une étendue confidérable de terrein, ces
bancs m’ont paru avoir la même inclinaifon que la pente de
la montagne : or, cette inclinaifon ne m’a pas paru moindre
'de 9 à 10 degrés. J’ai trouvé cette même inclinaifon dans
la route de Saint-Denys à Saint- Paul : c’eft un chemin au
travers dej montagnes qui peuvent avoir quatre à cinq cents
toifes de hauteur. Ces montagnes partent toutes du milieu
de l’Ifle comme autant de rameaux , qui font vifiblement
l’effet des torrens. On monte, entr’autres, trois de ces rameaux
d’unë roideur fingulière, & à chaque fois on defeend jufqu’au
niveau de la mer ; or dans cette route que j’ai faite deux fois,
en examinant fort foigneufement le terrein, j’ai remarqué que
les couches de pierre n’étoient point horizontales, mais inclinées
du côté de la mer, & que cette inclinaifon étoit à peu-
près celle que la montagne fembloit avoir.
M. de la Nux m’affura aufli que, dans toutes les ravines
Ou les creux appelés rivières, les bancs étoient tous inclinés.
Enfin, il eft fmgulier que l’inclinaifon de ces couches étant
donnée, comme j’ai cru la trouver à la pointe de Saint-Gilles,
de 9 à 1 o degrés, & la diftance de cette pointe, au milieu de
l ’Ifle, étant aufli à peu-près donnée ; on trouve à très-peu-prës
la hauteur de l’Ifle telle que nous l’avons mefurée, M. de la Nux
& moi. Ne fembleroit-il donc pas que quelque feu fouterrain,
ou quelqu’autre caufe , auroit élevé du fond de la mer, ce bloc
de pierres appelé IJle de Bourbon!
L ’Ifle-de-France paroît venir de la même caufe; car ces
deux rochers ne refièmblent en rien à Madagafcar : cette Ifle
paroît bien avoir autrefois fait partie de l’Afrique, mais les
îles de France & de Bourbon 11e paroiffent avoir appartenu