cela íes vents de Nord - e ft, la mer & le courant le portent
vers le bord de la Baie où eft le Fort. Quoique le fable du
Fort-dauphin foit en général vitrifiable, on trouve cependant
autour de la prefqifîle, fur-tout vers la partie de i’E ft, des
endroits où le fable eft entre-mêlé de débris de coquillages &
de madrépores.
La prefqu’île du Fort-dauphin eft entre-coupée de vallons
allez profonds, & de monticules qui le mafquent les uns les
autres : ces vallées font charmantes, & le terrein en eft
excellent. L ifthme qui fèpare la faufle Baie de celle du
Fort- dauphin, eft une belle vallée profonde, qui a plus de
4 pieds de très - excellente terre, fans un grain de fable,
quoique très - voiline du bord de la mer : on y trouve une
fource d’eau très-bonne; elle n’eft pas abondante, cependant
elle fort à nos Vailfoaux, & c’eft ordinairement dans cet endroit
qu’ils font leur eau.
De ce même côté, fur la pente de la prelqu’île qui corn
duit à la mer, on trouve encore un rempart & les reftes d’un
baftion qui étoit en dehors du quarré.
A en juger par tous ces reftes , on avoit déjà fait en France
des avances confidérables pour l’établiifoment de cette Colonie ;
elle aurait pu faire des progrès depuis ce temps, & elle
ferait très - florilfante aujourd’hui, fz elle avoit été conduite
avec fàgeffe & prudence, & fi on n’y eût point mis des efprits
bouiilans & turbulens à conduire les affaires, c’e ft -à -d ir e
de ces génies qui font affez tranquilles tant qu’ils font à portée
d’être réprimés, mais qui n’attendent que i’inftant favorable pour
éclater : femblables à ces feux fouterrains ou ces volcans qui
relient en repos tant qu’ils ne font pas alfoz forts pour éclater,
mais qui femblent n’attendre que le moment pour le faire,
& qui enfin renverfent & détruifent abfolument le lieu où
iis font : c’eft ainfi ) qu’on me permette cette comparaifon,
qu’il me paraît que nos établilfomens à Madagafcar ont été
détruits. On a fait au Fort-dauphin des fautes graves ; d’abord
en mécontentant les Naturels ; fecondement, en ne prenant
aucune précaution contre ces mêmes peuples, dont on s’étoit
aliéné l’efprit; peuple porté de fon naturel à la vengeance;
on moleftoit ces Naturels, & on vivoit au milieu d’eux
dans la plus gi-ande fecurité, fans rien craindre, comme fi
on eût vécu avec eux dans la plus grande union. Au lieu
d’avoir placé l’églife dans le. Fort, & fait une bonne &
fûre garde pendant l’Office d ivin , l’églife étoit au contraire
hors du Fort & même alfez loin : les Madecaffes méconteiïs r
choifirent pour l’exécution de leur deffein l’inftant qu’on
étoit à la Melfo de minuit; là , étant làns armes & fans
défenfes, il ne fut pas difficile à ces peuples d’égorger la
Colonie : les malheureux reftes fe fauvèrent avec précipitation
avec des femznes du .pays, & allèrent chercher l’île
de Bourbon qu’ils établirent.
On voit encore les fours qui ont fervi à faire la chaux
Si à cuire les briques ; mais je ne fais où ils prenoient la
matière à faire la chaux , parce que les deux Baies que
' j’ai vifitées , ne m’ont paru contenir que du fable vitrifiable.
Je foupçonne qu’ils faifoient venir leur matière des environs
dê Foulpointe & de Tamatave, parce que M. de Flacourt
■dit qu’en 16 4 7 , il périt au Port- aux -prunes une barque
toute neuve, chargée de riz blanc & de coquillages, dont
elle étoit allée fe charger à Gaiem - voulou pour le Fort-
dauphin. M. de Flacourt avoit fait faire un beau puits, que
l ’on voit encore en-dehors du Fort : les Noirs, lors-du
C c c i j