vent alifé diminua , & ii continua de diminuer par degrés jufqu’au
23. J ’étois à peine rétabli du mal de mer que j’avois eu à un excès
incroyable.
L e 1 8 , étant 12' de latitude boréale , j’effayai de faire quelques
obfervations de la Lune pour en conclure la longitude.
Par ces obfervations, je trouvai que le Vailfeau étoit de quatre
degrés, ou d’environ foixante-feize lieues plus à l ’Eft qu’on ne
le fuppofoit ; en forte que nous devions avoir palfé, félon mon
calcul, entre la côté d’Afrique & les îles du C ap -v e rt, c’èll-à-dire
dans l’Eft de ces îles. Je ne vous enverrai point le détail de ces
obfervations, ni de toutes celles que je fis pendant le voyage, parce
que je n’eus point occâfion de les comparer avec la vue de terre;
j ’en excepte cependant celles que je fis aux approches de Rodrigues,
que la Vue de Cette île confirmèrent. La méthode dont j’ai fait ufage
#ft celle de l ’angle horaire de la Lune ; vous connoiffez cette méthode
par l’État du Ciel de M . Pingré dont vous mê parlez dans
votre Lettre. Quelques remarques que je ne crois pas inutile de vous
rapporter, lue confirmèrent dans mon calcul de la longitude.
Premièrement, vous avez vu qu’étant par le travers du détroit de
Gibraltar, la mer nous avoit entraînés dans le Nord ; mais elle ne put
ainfi nous entraîner dans le Nord laris que nous fuflions attirés pat
le courant qui va dans le détroit, ainfi nous dûmes des cet inilant
perdre du chemin en longitude.
Secondement, plufieürs jours avant que d’arriver à la hauteur des
îles du C ap -v e rt, nous éprouvions tous lés jours des différences
confidérables qui nous portoiént dans le S u d , ce qui venoit fans
doute du canal qui fépare l’Afrique du Cap-vert, & d’un courant
que doit néceflàirement occafîonner ce canal & le petit arefiipel
qui le forme.
Troifièmement, la variation de l’aiguille aimantée qui eft plus petite
proche fÊ^éte d’Afrique qu’à l’Oueft des îles du Cap-vert j nous
la trouvâmes en effet conforme à cette ©bfervation.
Quatrièmement en fin , lorfque nous paffames à la hauteur du
Cap-blanc jufqu’au Cap-vert , on remarqua que la mer étoit battue,
bourbeufe & même un peu verdâtre, ce qui nous indiqua le yoifinage
des terres, & nous fit juger que nous étions palfés dans le canal
que forme le C a p - v e r t avec les îles de même nom. L e banc de
fable qui s’étend dans ce canal depuis la pointe du C ap jufqu’aux
îles, n’eft qu’à une médiocre profondeur , qui encore diminue à
proportion qu’on approche plus près du Cap ; il rend la mer plus
battue dans cette partie ; d’où je conclus que nous devions être
pages affez près du C a p - v e r t , mais que la nuit pouvoit nous avoir
empêché de le voir.
Varenne prouve qu’il y a le lon g de ces côtes un courant qui
porte dans le S u d , & les remarques rapportées ci-deffus le confirment.
L e 23 nous eûmes du calme & une révolution de vent de S u d -
oueft très-foibles ; cette révolution nous donna des grains & beaucoup
de pluie : nous profitâmes des calmes pour changer notre grand
mât de hune , qu’on diminua de cinq pieds & demi , mais nous
n ’en pûmes faire autant au mât de hune de mifaine, parce qu if
fallut profiter du vent qui furvint.
L e 2 4 , les vents fe rapprochèrent du Sud ; ils étoient a peine
fênfibles, & nous eûmes le plus fouvent du calme.
L e 2 6, ils pafsèrent au Sud-eft ; nous eûmes des grains & du
tonnerre allez fort : nous n’étions plus qu’à un degré & demi au
N o rd de la Ligne. C ’e ft - là , ou à peu-près , qu’eft placée l ’île de
Üanedo ou île Sain t-P ierre, découverte par les Hollandois. ( Voye^
planche X I I I ) .
Nous étions donc alors dans la lifièrqdes vents de Sud-eft ; dès le 22
nous nous-étions aperçus que nous ne devions pas. être fort éloignés
de ces vents. L e vent de No rd -e ft étoit devenu très-foible ; la lame
venoit du S u d - e f t depuis deux à trois jo u r s , & elle étoit très-
fenfîbie : le foir du même jour 2 2 , les nuages, par petits pelotons,
montoient du S u d - e f t . I l éclaira beaucoup de ce c ô té , & il tonna
au loin pendant la nuit.
Nous étions auffi ce même jour 2 2 , à cinq degrés au N o rd de la
Ligne. Il y a des failons dans l’année que l ’on trouve les vents de
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