Suite des Moeurs des MadecaJJes, ir e . de Tamfimilo,
roi de Foulpointe ; f a mon, S ajfaffinat des François
h l ’île Sainte-Marie : de Zanliare, f il s de Tamfimilo ;
il efi obligé de fu ir de Foulpointe ; i l y rentre par
notre moyen en ¡y d j : découverte du projet des Noirs
de nous ajfafiîner ¿r de nous empoifonner, ire.
ans les temps que les Forbans Anglois infeftoient les
mers dp l’Inde, plufieurs de ces Pirates s’établirent à Madagafcar
, où jouiffant impunément de leurs brigandages, ils
formèrent des elpèces de petites fouverainetés, qui furent longtemps
redoutables aux Infuiaires ( l’on peut confulter l’Hiftoire
des Forbans Anglois ). Infenfiblement elles s’éteignirent par
la mort de la plupart des Chefs ; leurs defeendans ne furent
plus fi puiftans ; ' & comme ces1 Brigands ne purent s’allier
qu’aux femmes du pays, leur race s’abâtardit peu-à-peu' : il
en refte aélueliement fi peu de vertiges, qu’on n’a, dans le
pays, qu’une tradition aifez confufe de cette race de Blancs.
La langue Angloife, qu’on parloit alors dans cette partie de
Madagaicar, y eft totalement ignorée aujourd’hui ; la langue
Françoiiè a pris la place, & les Principaux, & fur-tout les
femmes, fe font très-bien entendre.
C e fut d’un de ces Forbans que fortit Tamfimilo, celui de
tous leurs delcendans qui joua le plus grand rôle à Madagaicar.
On m’a dit que dès l’année 172 2 il étoit déjà très-puiifant à
Madagafcar ; il avoit fait fur mer plufieurs voyages, étoit allé
à Bombaye & dans d’autres endroits de la côte de Malabar:
* Cçt article achèvera de caraitérifer le peuple de Madagafcar.
il avoit l’ambition de parvenir & il aimoit paffionnément la
guerre; il avoit vu la façon dont les Européens la faifoient,
& favoit, dit-on, s'en lèrvir; ce qui eft au'moins très-vrai,
c’eft que ce fils de Forban mit fous fon obéiiTance toute la
baie ôlAntotigil, l’île Sainte-Marie, & toute la partie de
Madagafcar comprife depuis le fond de cette Baie { d’Antongil)
jufqu’au port de Tamatave, qu’il enleva aux Bétanimènes.
Tamftmilo étendit encore fes États à quinze à vingt lieues
des bords de la mer.
Tout cet efpace étoit, comme tout Madagaicar, pofiedé
par un très-grand nombre de Souverains ou de Chefs indé-
pendans ; Tamfmïlo leur impofa le joug , & il tira d’eux
quantité de contributions; il avoit par ce moyen un royaume,
qu’il s’étoit formé, de cinquante à foixanie lieues de long,
fur quinze à vingt de largeur : il fe défendit courageuièment
contre les Bétanimènes. Les Chefs de cette Nation forment
entr’eux une efpèce de république ; ils vinrent avec des forces
confidérables pour eifayer de le chaffer de Foulpointe, & de
reprendre le porte important de Tamatave: cette Nation palfe
pour beliîqueufe & brave. J’ai" vu à Foulpointe., à un petit
quart de lieue du bord de la mer, leur camp qui étoit très-
bien choifi", fur un lieu élevé, d’où ils dominoient lùr Foulpointe
, & d’où ils incommodoient beaucoup leur ennemi.
Tanfimilo paroiffoit bien'affermi dans fes États , mais il
y avoit deux faétipns fecrètes contre lui F il étoit craint &
redouté par-tout, mais il n’étoit pas aulfi généralement aimé :
il mourut en 1 751 , à l’âge d’environ loixante ans.
Un Officier qui étoit pour lors à Foulpointe , que j’ai
beaucoup connu depuis à l’liîe-de-France, & qui m’a raconté
une partie de tous ces détails, m’a dit en même temps que