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origine des différentes Nations qui les environnent pour
ainfi dire.
En effet, fi on confidère les traits du vifage de ces Infu-
1-aires, la forme de leur corps, leur maintien, la couleur &
meme le poil, on y croit voir des marques évidentes de
métis Japonnois, Chinois, & dautres de race Indienne où
Malabarde : c eff une choie de fait, que j'ai bien examinée. I
Je n omettrai pas ici un fait que je regarde cependant
comme tres-apocriphe, puiique quelques recherches que j’aie
pu faire pour en conftater la vérité, il ne m’a jamais été
poffible d’y parvenir ;. au contraire, à Manille même les
perfonnes les mieux informées le regardent comme une
fable.
Le Religieux Francifcain, dont je fuis ici l’hiftoire, dit
pofitivement ; on ajjïire qu’il y a dans l ’IJle de Mindoro une
Gafle d hommes qui ont une petite queue comme les finges ;
plufieurs Religieux, dit-il, en font témoins, & me l’ont ajfuré;
& il ny a pas long-temps qu'à notre contre-côte de Valer, on
trouva une femme qui avait une queue, comme me l ’a ajfuré,
continue-t-il, le Mijfonnaire qui étoitpréfent : on n’a jamais
pu vérifier lorigine de cette Cafie, f i ce n efl quelle efi de race
Juive.
Dans un livre moins ferieux & moins grave, cette hiftoire
pourroit prêter à la plaifànterie ; au reftè, cette prétendue
race d homme à queue pourroit être quelque- efpèce de
finge.
Aux environs de Manille il y a une Cafte de Créoles
bruns ; ils font tous très-anciens Chrétiens, très-dociles ; ils
fervent le Roi ; de leur Cafte ils entretiennent, pour fon
fèrvice, une elpèce de bataillon, qui a à fa tête un Mçfirev
a n s l e s M e r s d e l ' I n d e .
rde-camp ; on le nomme le Colonel des Noirs, il l’eft en
effet, & breveté de la Cour; des Capitaines & d’autres chefs
correfpondans ; de cette façon iis font féparés des autres Noirs
& font cafte à part ; ils font fort attachés au Roi ; la tradition
porte que ces Noirs defcendent des Malabars qui alioient
anciennement commercer aux Philippines avant que les
Efpagnois y euffent abordé. Je ferois allez porté à embraffer
cette opinion, car je leur ai trouvé une reffemblance parfaite
en tout, les traits du vifage, la phyfionomie, font femblables
à très-peu de différence près; la couleur eft la même, celle
d’un brun-clair, le nez aquilin, les yeux vifs & enflammés,
le poil fané ; enfin un génie doux &. docile fe remarque dans
les uns & les autres.
Aujourd’hui tout l’Archipel des Philippines & Manille
font remplis d’une autre Cafte de métis , appelés métis
fanglayés, ils proviennent d’un Chinois & d’une Indienne
{ des Philippines ) , cette Cafte s’étoit confidérablement accrue
en. i y 6 y , parce que les Chinois ont toujours fait fouis le
commerce de Manille ; il en eft tant refté à ces Ifles que
c’étaient eux qui fourniflbiènt tout le pays , foit de vêtemens ,
foit de comeftibles, foit d’autres choies : pour fe marier ils fe
faifoient Chrétiens, de forte qu’il eft forti de cette union un
nombre confidérable de métis; ils vivent parmi les Tagalos,
à Manille & aux environs ; & en effet, ils font diftingués fur les
états d’impofition que le Roi met tous les ans fur fes Sujets
des Philippines, commé faifant Cafte à part : ils font grands
travailleurs, fe bornant cependant! être imitateurs des Européens,
n’inventant rien du tout.
II y avoit encore à Manille une autre Cafte de métis provenant
d’un Japonnois & d’une Indienne; ces Japonnois