» journée du 4 & la nuit fuivante , fe pafsèrent dans cette
» perplexité, ne trouvant point de milieu d’échapper au danger;
"» &. quoiqu’on renouvelât les ordres pour les coupures & la
» défenfe de la brèche, afin d’empêcher i’aiîàut; qu’on redoublât
» d’aélivité, Sc qu’on fit les. diligences néceffaires, cependant
» il n’y eut pas moyen d’exécuter aucune de ces choies, à
» caufe du feu continuel & terralfant de l’ennemi.
» De forte qu’il n’y eut pas moyen de faire travailler les
« porteurs de falcines; enfin, à fix heures du matin, le 5 , les
» troupes ennemies fortirent de leurs polies, divifées en trois
» .colonnes; la première, pritfon chemin du côté de la brèche;
» la fécondé, s’achemina à la porte Royale; latroifième, marcha
» le long de la chauffée qui environne le chemin couvert,
» dans la partie de TEft qui touche à la place d’armes.
>» Le peu de Soldats qui nous reftoient occupèrent la gorge
» du baftion de la Fondition, la porte Royale , le flanc du
51 baftion Saint-André & la courtine qui les joint. Les ennemis
“ fe firent foutenir de leurs batteries & des fufiliers de la tour
" de Saint-Jacques, qui tiroient avec fureur,; de cette façon,
» il ne fut pas pofftble aux nôtres d’occuper la brèche pour
» en défendre l’approche : les colonnes qui s’approchèrent en-
» voyèrent deux décharges de leurs fufils , avec lefquelies ils
» balayèrent les deux baftions collatéraux , courtine, & tous
« les poftes qui pouvoient leur faire oppofition ; enfuite, à
» toutes jambes, ils montèrent la brèche, & s’emparèrent du
» baftion de la Fondition : au même inftant ils attaquèrent la
» porte Royale , qu’ils firent fauter avec dçs haches & des
» leviers de fer.
» Avec peu d’-oppofition de notre côté, quelques Officiers
p qui étaient là 11’étant pas capables de défendre ces poftes,
les
des ennemis firent feu de-là fur les autres poftes, qu’ils«
prirent de même en fuivant le cordon, & allèrent fe pré-«
fenter devant le ,Fort où s’étoit retiré le Gouverneur & «*
Capitaine général. *
Dans ce moment, les Miliciens, les Troupes réglées & «
les Indiens qui étaient dans ce fo r t, fe précipitèrent avec «
défordre du haut des murailles en bas, plufieurs fe jetèrent «
à la rivière, Sc il y en eût beaucoup de noyés ; de façon «
que lorfque le Capitaine général arriva au fort, il n’y trouva «
que le Caftiilan, M. Pignon fon fécond & un artilleur ; le peu «
de troupes qu’il y trouva était en confufion & fe précipitait «
par-deffus le mur. La colonne ennemie qui entra par la«
porte Royale, s’achemina à la place d Armes" & s empara«
du pilais: celle qui marcha par la chauffée , prit le fortin «
qui défend le pont qui eft fur la rivière PaJJig ; de-Ià elle «
s’achemina à la Place, en entrant par la porte du Parian. “
Le Fort mit pavillon blanc, & on y dreffa une capitulation «
que les Officiers Britanniques refusèrent de recevoir ; au «
même inftant le Colonel preffa le Fort de fe rendre, ou «
bien qu’on alloit pourfùivre les hoftilités & employer les «
armes. Le Capitaine général , preffé & très - embarraffé, «
réfolut d’aller en perfonne. avec le Colonel, fous la bonne «
foi de la garantie de fa perfonne, pour traiter de la capi- «
tulation avec le Générai ; Sc en effet , ils en traitèrent «
amplement enfemble au palais. L’Archevêque vouloit qu on «
accordât les honneurs militaires ; il infifta plufieurs fois liir «
cet article, mais il ne put l’obtenir : il fallut qu il donnât «
ordre au Fort de fe rendre , & tout le monde fut fait pri- «
fonnier de guerre, à l’exception du Capitaine générai : on *
accorda aux Militaires l’honneur de garder leurs épées, & “
Tome II. K t