» ies clameurs répétées du Capitaine général ne purent obtenir
» autre choie.
La ville fut donnée au pillage, qui fut cruel & dura quarante
» heures | fans exception des égliies , de l’archevêché Sc d’une
» partie du palais; & quoique le Capitaine général réclamât au
» bout de vingt-quatre heures , le pillage continua effeéti-
.» vement, malgré les ordres du Général Britannique pour le
» faire ceifer ; il tua même de fa propre main un foldat qu’il
» rencontra tranfgreffant fes ordres, & il en fit pendre trois.
» Dans la fonélion de cette journée, il mourut de notre
côté le Sergent-major du régiment du Roi, deux Capitaines,
» deux Subalternes, environ cinquante Soldats de troupe réglée,
» trente Miliciens du Commerce: il y eut beaucoup de Méfiés.
» Dans les autres fonélions, & lpécialement dans la* der-
*■ nière fortie, il mourut plus de trois cents Indiens, & il y
» eut plus de quatre cents blefles.
» .On na pas pu vérifier au jufte le nombre des,morts du
*1 coté de 1 ennemi, on a feulement appris par quelques cir-
» confiances, que, dans la revue qui le fit deux jours après la
» prifè de la Place, il manquoit aux ennemis plus de mille
» hommes, du nombre defquels étaient feize Officiers ; parmi
» ceux-ci on comptait- le Sergent-major du régiment de
*> Drapert, qui mourut d’un coup de flèche le jour de l’afTaut,
» & le Commandant du régiment de Chamal, qui mourut
» d un coup de balle de fufil , comme il étoit à obferver
» avec une lunette d’approche de la tour Saint-Jacques : le
» Vice-amiral fe noya en venant à terre dans un canot qui
” fourfoubra; le même accident fit auffi périr quelques matelots.
<* & foldats.
* Les forces de l’ennemi confiftoient en quinze cents foidats
Européens, choifis du régiment de Drapert, & du bataillon «
des volontaires de Chamal; deux compagnies d’Artilliers; «
dé foixante hommes chacune;’ trois mille matelots Européens, «
fufiliers, bien difcipiinés'; huit cents Cypayes portant des «
fufils, formant deux bataillons, & quatorze cents des mêmes «
troupes, deftinées aux fafcines; ce qui formoit une armée«
de fix mille huit cènts trente hommes. «
Les deux batteries de mortiers q u i, comme on a d ît , «
étaient de différens calibres, jetèrent dans la ville plus de «
cinq mille bombes ; les batteries de terre & celles des «
vaiffeaux, tirèrent plus de vingt mille coups de vingt-quatre «
livres, & ruinèrent la ville en beaucoup d’endroits : l’ennemi «
envoya environ vingt-cinq carcaffes, qui mirent le feu en «
cinq différentes parties ; & fi on n’y fût pas accouru à toute «
diligence, la ville ou la majeure partie auroit été incendiée. «
A Manille le 23 Décembre 1 y 62. »
A r t i c l e d i x - h . u i t i è m e.
Suite de la guerre des Philippines de Manille.
J e rapporterai ici une anecdote fingulière dont le Journal
ne fait point mention, mais qui n’en eft pas moins vraie.
Il fembloit qu’après la capitulation accordée à Manille, &
fans doute fignée des Généraux Anglois 8c de l’Archevêque,
& après un pillage de quarante heures, il fembloit , dis-je,
que les Anglois devoient, en refpeétant leur capitulation,
laifîèr tranquille cette ville infortunée : voici au contraire la
conduite quils tinrent. Je ne ferai que rapporter le texte
d une lettre écrite dans ce temps-ià, de Manille au Mexique,
qué Don Andrés Roxo m’a communiquée : ce fait, d’ailleurs,
K k i j