pour Rodrigues le pafiage de Yénüs fur le Soleil, fur les mêmes
principes qui m ’ont fervi à calculer le pafiage pour Paris; j’ai trouvé
qu’au moment de l’entrée de Vénus, le centr?du Soleil ferait
élevé fur l’horizon de Rodrigues de près de deux degrés.
Le-calcul de M. de la Lande fondé fur des principes un peu
différens, me donne à la vérité plus d’efpérance, car cet Académicien
a trouvé près de huit degrés; mais les corrections que
M. .de la Lande a fait aux. Tables Aftronomiques de M." Calfmi
& Halley, que vous devez avoir vues dans la Connoiifance des
Temps de 1761 que je vous ai envoyée, vous paroiffent-eiles aifez
eonftatées ! Sc ne puis-je pas au moins fufpendre mon jugement
fur la préférence entre le calcul de cet Académicien & le. mien !
Une autre caufe rend encore fort incertain & fort douteux à
Rodrigues, l’inftant de l’entrée de Vénus : vous favez bien mieux
que moi, Monfieur, que dans les parages.de vos Mes les mois de
Juin, Juillet & Août font les temps des grandes brifes du Sud à
l’Eft-fud-eft, lefquelles font rarement'accompagnées, de jour, d’up
ciel clair & ferein, & qu’il eft prefque toujours certain qu’on ne
verra pas paraître le Soleil à fon lever; & qu’on ne l’aperçoit le plus
fouvent que lorfc^i’il eft déjà fort élevé, parce que ces glandes
brifes rendent l’horizon conftamment embrumé ou bordé de nttages
à plufieurs degrés au-deiTus. Tels font, Monfieur, mes doutes fur
l’île Rodrigues pour y obferver l’entrée de Vénus ; au furplus, il
y a toute apparence que je m ’y tranfporterai à tout événement, cal
me voilà au 6 Février fans efpérance d’autres relfources que celle-là,
J’ai l’honneur d’être, &c. S ig n é L e G e n t i l . .
A l’IJle-de-France le 6 Février 1761 ,
Tro'tfiètne Lettre à Ad. d e l a N u x .
J ’ a r r i v e , Monfieur, de faire une aifez finguiièré caravanne
dont il faut que je vous entretienne un moment.
Vous vous fouyenez fins doute, Monfieur, de ce que je vous
marquai dans ma lettre du 6 Février dernier, & les entretiens
que
que nous eûmes depuis à Saint-Paul fur le même objet; vous vous
rappelez bien auffi que ce fut l’arrivée de la SubtUe en'cette île le rp
Février dernier, qui réveilla en moi l’idée de l’Iadë, & me fit abandonner
le projet de l’îlé de Rodrigues, où je fûupçonnois toujours
que le Soleil ne feroit pas allez élevé au-delfus de l’horizon lors
de l’entrée de Vénus fur le difque de cet aftre; & qu’il ne feroit
par conféquent pas aiTez dégagé des nuages, des inégalités des
réfraélions, &c.
La frégate la Sylphide, dont vous connoiffez la fupériorité de la
marche, fur tout ce que nous avons de VailTeaux dans ces mers,
eut , à l’arrivée de la Subtile, ordre de le préparer à fortir: nous
n’étions qu’au 20 Février; j’avois donc trois grands mois (a )
devant moi pour me rendre à la côte de Coromandel, & pour m ’y
préparer ; tous les lieux m ’étoient égaux ; & il y en avoit beaucoup
de neutres entre lefquels je pouvois choifir, en cas que Pondichery
fut bloqué par l’ennemi.
Vous fivez encore qu’on avoit confulté les Officiers de la Marine
de la Compagnie les plus expérimentés, fur la route qu’il convenoït
de faire dans la fiifon où nous étions pour nous rendre dans l’Inde,
dans le moins de temps qu’il feroit polfible, &c.
Le 11 Mars, nous mettons à la voile de l’Ifle-de-France,
nous arrivons le lendemain à votre île, comme vous le favez, & nous
y relions jufqu’au 23 que nous en appareillons enfin.
L ’envie d’apprendre des nouvelles à la côte de Malabar fur l’état
de nos affaires à la côte de Coromandel, nous fit, je crois, prendre
le parti de tenter la petite route ; quoi qu’il en foit, nous dirigeâmes
le cap pour aller reconnoitre le nord de Madagalcar, que nous
vimes le 2 8 de Mars au matin ; nous avions eu depuis notre départ
très-beau temps, & les vents du Sud à l’Eft.
Le peu de connoiflànce que j’avois des mouflons, me fit croire
que celle de l’Eft droit alors fur fa fin, & qu’en arrivant à ia
'(a) Voyez encore ie Précis hiftorique, pages j , 4 1? Juivantes.
Tome IL Y y y y.