comme ceux de Guinée ou de Madagafcar ; très-peu font
a cheveux longs &. plats, & iis font prefque tous camus ;
iis vont tout nus , n’ayant que les parties honteufes de
couvertes avec des eipeces de bandelettes faites d’écorces
darbres, battues & pilées avec tant de foin que j’en ai vu
qui paroiifoient être un morceau de linge très-fin ; ils fe
font une ceinture avec du rotin, elpèce de rofeau, puis
paffant leur bandelette entre les deux jambes, ils l’attachent
par chaque bout à la ceinture; du relie , ils vivent totalement
a la façon des Sauvages. Si par hafàrd il arrive que les
Moines en élevent quelqu’un dès l’enfance dans la religion
catholique; ils difènt. eux-mêmes qu’il eil bien rare qu’il ne
s échappé quand il eil grand, & qu’il ne s’en aille pas dans
les montagnes rejoindre là famille & reprendre i’ufage des
autres. D autres, a lage de quinze à dix-huit ans viennent
de temps en temps dans les villages, fous prétexte de vouloir
etre Chrétiens; ils fe laiiïènt inflruire fort docilement, puis
lorfqu ils ont obtenu ce qu’ils defiroient avoir; lavoir, quelques
hardes ou quelqu’argent, ils ne manquent; jamais de s’en
retourner dans les montagnes.
Ces montagnards fe nomment, comme je l’ai dit, Ygolotes,
8ç font aélueilement les poifefleurs d’une partie des tréfors
que les Efpagnols portent avec des peines incroyables du
nouveau monde dans cette partie de l’ancien.
On trouve dans l’Archipel des Philippines, une Ifle appelée
Voj,7jaCar,'.file des Nègres (de Ips Negros), à caufe de la grande
quantité de Nègres qui y font ; elle eil entre l’île de
Z.elu &*de Panay : il y a beaucoup de Chrétiens, mais
la rpligiop chrétienne ne s’efl établie que fur les bords de la
fojfi j Peuplés de Pintades ( gens qui fe peignent Je corps ) j
en forte
en forte que dans le centre de l'île & à la pointe de l’Ouefl,
les habitans, en très-grand nombre & tous Nègres, ne font
point Catholiques : les Jéfuites & des Prêtres féculiers avoient
de mon temps i’adminiflration fpiritueile de cette Ifle.
D ’où vient l’origine de tous ces Nègres, de cette race
d’hommes qu’on retrouve exactement la même ( & je croîs
qu’elle eil la feule dans ce cas ) , qu’on retrouve, dis-je, à
des diflances fi grandes les unes des autres, en Guinée, en
Afrique, & à l’extrémité des mers de l’Inde & d’Afiei
Les auteurs Efpagnols s’épuifent en conjeélures fur cette
origine; je n’ai pas le temps de m’amufer à les fin ivre,
j’abandonne cette recherche à ceux qui voudront prendre la
peine de nous expliquer comment les hommes n’ayant
qu’une feule & unique origine, on trouve cependant des
elpèees qui paroiffent fi différentes les unes des autres, &
qui par les mêmes latitudes font à peu de chofe près les
mêmes: je reviens à ma narration.
La troifième elpèce d’habitans que les Elpagnols trouvèrent
aux Philippines en y arrivant, étoit d’une Nation policée
qui tenoit le Gouvernement, qui étoit maîtreiTe des bords
des rivières des lieux maritimes, & des autres lieux voifins
les plus propres à aflùrer leur domicile & leur domination :
cette troifième elpèce occupoit plufieurs liles de l’Archipel;
les principaux font les Tagalos, Paoipangos, Byfayas & ceux Voye^kCrnt.
de Mindanao.
Les Tagalos font les Naturels de Manille & de fou
Archevêché ; leur tradition porte qu’ils defeendent des Matays,
cette tradition eil établie chez eux de père en-fils ; favoir, que
les Malays pafsèrent à Borneo, & que de Borneo ils font allés
peupler Manille & fon diflriét ; qu’ils prirent le nom de
Tome II. Et