A r t i c l e c i n q u i è m e .
Defcription de la baie du Fort-dauphin ; des vents qui
y régnent ; des manoeuvres qu 'tl fa u t faire pour
gagner le mouillage, ¿T'c.
La haie du Fort - dauphin, eft une grande & belle anfe,
dont les François ont été en po/Teffion dans le dernier fiècie;
ils polTédoient aufli une partie des terreins des environs
de cette Baie ; elle eft fermée au Nord par ta pointe & la
roche d’ Itapère, & au Sud par la pointe & la prefqu’île du
Fort - dauphin : d’une pointe à l’autre, il y a deux grandes
lieues marines, ce qui fait une ouverture fort large.
Lorfqu’on a dépalîe la pointe du Fort-dauphin, on trouve
du Sud-oueû à i’Oueft une autre Baie dont le cap Ramas,
éloigné du Fort-dauphin, d’une bonne lieue & demie, forme
l ’ouverture avec le Fort-dauphin ; NI. de Flacourt l’appelle la baie
aux Galions. On peut encore la nommer la fauffe Baie, n’étant
en effet remplie que de refftfs ; elle eft à bien dire inabordable:
1^ mer brife dedans avant que d’arriver au rivage; on
y remarque à la yérité un endroit où la met' eft fort tranquille ;
c’eft une eipèce d’enfoncement au Sud-oueft de la prefque
île du Fort - dauphin , les Vaifléaux y feraient à l’abri des
vents de Nord-eft, qui font les vents régnans du Fort-
dauphin; ils en pourraient iortir dans les plus grandes brifes,
en fe touant jufqu’au défaut de la pointe ; mais les reffifs
m’ont paru défendre l’entrée de cette partie, comme dans le
jrefte de la Baie,
Le bord de ces deux Baies eft de fable & eft fort élevé;
Je terrein' s’étend au même niveau, à peu-près julqu’à une
chaîne dç, montagnes qui eft à environ une lieue & demie des
bords
bords de la mer. Derrière cette première chaîne, qui fuit à
peu-près le tour de la Baie, on en diftingue une fécondé plus
élevée que la première, & derrière celle-ci une troifième
encore plus élevée : c’eft ainfi, pour le dire ici en paflant,
que paroiflènt toutes les grandes chaînés de montagnes, divi-
fees en trois chaînes , dont les premières ne font évidemment
que les débris de la chaîne primitive. Nous parlerons amplement
de ces différentes chaînes de montagnes, dans un
Mémoire feparé : cet elpace d’une lieue &, demie à deux
lieues, depuis la Baie jufqu’aux montagnes, eft couvert de
bois fort épais de différentes efpèces , ou l’on trouve de place
en place des vallées charmantes en forme de prairies , & ,
trois étangs, dont un for-tout eft de toute beauté; les deux
petits fe déchargent dans le grand, paroiffant tous venir des
montagnes voifmes ; l’eau en eft très-bonne à boire, nous en
avons ufé pendant quelque temps ; le fond de ces étangs eft
de fable pur très-fin, pareil à celui des bords de la mer; la
couleur de l’eau eft celle de rouille de fer : les bords de
l’étang & le fond en quelques endroits, font couverts d’une
eipèce de fable noir qui eft difpofë par ondes; ce fable, qui
yraifemhlablement eft ferrugineux, a été entraîné dans l’étang
par les pluies, & les vagues l’auront enfoite arrangé pat-
ondes. On trouve aufli beaucoup de ce même fable noir le
long de la Baie dans l’enfoncement près le Fort -dauphin,
où l’on pourrait le ramafler en trèsrgrande quantité, prefque
fans aucun mélange d’autre fable; par où l’on.voit qu’il eft
voituré dans l’étang par les eaux des pluies, qui le détachent
des montagnes ; qu’eniùke cet étang le tranfporte à la mer.
par l’ouverture qu’il s’eft faite à une lieue & demie ou deux-
fieues du Fort - dauphin, au vent de ce Fort; & qu’après
Jome 11, Ç c ç