devient Roi que par un confentement unanime des Chefs-,
qui fouvent fe paifent de maître ; ou par une efpèce d’ufur-
pation : tant qu’un Roi vit, les Chefs fubjugués ne peuvent
ou n’ofent remuer; mais fitôt, qu’il eft mort., tout rentre dans
l’indépendance comme auparavant, a moins que fon fils:, s il
en a, niait un parti affez puiifant pour fe faire reconnaître à
la lucceilxon de ion pere. Les amis de '¿anhare, qiu.avoient etc
ceux du feu R o i, l’appuyèrent de tout leur crédit ; mais il eut
des ennemis qui le forcèrent enfin d’abandonner Foulpointe.
A la mort de Tamftmilo, les deux finitions qui n’avoient
jufqu’alors ofé remuer, éclatèrent enfin; l’une prit naiffance
à Foulpointe, & l’autre à Sainte-Marie ; celle de Foulpointe
voulut s’aifurer de Z anhare. & de fa mère : ils fe fauvèrent à
ia pointe de Larée,
Peu de temps, avant, la mort de Tamjtmilo, les: François
formèrent le projet de faire un- Étabiiiïèment. à Madagalcar;
ils avoient choifi pour cet effet l’île Sainte-Marie, ou plutôt
rtn petit îlot de corail dont: j ai parle: dans le douzième article.
Je doute que ce projet foit venu de la Compagnie des Indes,
qui ne pou voit guère avoir, de conno-iflânces: exaétes de Mada-
gafcar ; mais jamais projet: d’Établiftèment ne m’a paru 11 mal
conçu : c’étoit commencer par où il eût fallu finir.
, Cependant, on .y, fit des bâtimens oonfidérahles âç».grands
frais; car on fut objigé <fy porter de ia pierre de taille de
filfle-de-France', où il y e» a plus que de, bonne terre à
cultiver.
On prit donc paiTeffion de VAt Sainte: Marie, en 1751, peu
de temps avant fa mort de Tamftmilo qui nous-. ceda.ee: pays-,
reconnu pour le plus mal-fàiu de toute cette cote de. Madas*
gafcar, où il pleut pendant près, des trois quarts, de lanuee
Je 11’y fuis refté que deux jours ; j’y vis une pluie prefqué
continuelle & la plus abondante qu’on puifîè concevoir. On
mit pour commander à l’île Sainte-Marie, une pérfonne qui
avoit été très-feuvenit Sùpercargue ou C hef de Traite à Mada-
gafcar, & ôn lui donna quelques Soldats ; il avoit la confiance
de Tamftmilo, il jouiffoit de tout -crédit auprès de lu i , il en
obtenoit tout ce qu’il vouloit.
L’ufage des Rois de ce pays, eft de donner leur canne ou
leur piftolet à ceux qu’ils veulent qu’on refpeéfe autant qu’on
feroit leur propre perfonne ; avec ces marques d’honneur &
de diftinélion, on peut voyager dans toutes les terres de la
dépendance du Souverain, fans aucune efcorte : fi on étoit
infulté, i’mfulte ferait cenfée faite au Souverain, & on pourrait
la payer de la vie. Le Commandant de Sainte-Marie avoit
fouvent -joui de -ce p iv ilé g e , & il étoit autant & plus craint
que Tamftmilo. II y a toute apparence que ce fut lui qui
donna au Gouverneur de i’Ifle-de-France d’alors, l’idée de
ce bel Établiffement : quoi qu’il en foit, il ne fe comporta
pas avec aflèz de prudence & de douceur; il fe fît bientôt
détefter des Infùlaires ; il fe plaifoit à les môleftër, à les infulter
& à les traiter comme des efclaves.
H paya de la vie une conduite fi peu melùrée; les Nôirs
de Sainte-Marie, indignés & pouffés à bout ( il faut qu’ils la
foient pour fe porter à des aétes de vengeance contre lés
Blancs ) , l’aflalTmèrent.
Cette affairé fe paffa un mois après la mort de Tamftmilo,
& il eft croyable qu’elle ne feroit point arrivée dé fon vivant,
tant il étoit redouté.
Après fa mort, les François crurent devoir protéger là
famille contre les faétions contraires qui s’étoient élevées; 8c
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