croire à aucun procès - verbal, après avoir VU Celui quoi!
vfenoit de faire à bord de la Sainte-Rofe ; fur ma réponfe;
le Gouverneur me dit que cette affaire feroit envoyée en
C o u r , & qu’elle fèroil beaucoup de tort à M. de Caièins.
Dès le lendemain de la vifite, on commença à défaire tout
l’ouvrage de M. de Cafeins, parce que le procès-verbal le
dîfoit : on radouba, on hauflà même le premier pont, parce
qu’on trouvoit que le Vaiffeau ne contenoit pas affez d’effets
dans fa cale; & au- lieu de huit à neuf mille piaftres, il en
coûta au Roi plus de cinquante mille, parce qu’outre les
huit à neuf mille que le radoub de M. de Cafeins avoit
déjà coûté, on fe fervit du devis des Conftruéteurs, qui
avoient, comme je l’ai dit, eftimé le radoub quarante mille
piaftres : il en coûta donc au Roi près de deux cents foixante
mille livres. Quelques Elpagnols m’affurèrent, que je voyois
eh cela un échantillon de ce qui fe palîoit ordinairement à
Manille,
J’écrivis, lorlque je fus de retour à Pondichéry, cette
affaire, fort en détail, à M. de Cafeins à Cadiz ; ma lettre
Je trouva mort.
Les galions, en général, font fort mal bâtis ; ce font de groflès
malles fort lourdes, & ayant très-peu de bonnes qualités.
Le Saint-Charles nouvellement conftruit, comme je l’a!
dit, étoit prêt de mettre à la voile lorfque j’arrivai à Manille;-
jf aiioit faire fon premier voyage : avec la plus belle apparence,
ce Vaiffeau n’étoit point en état de tenir la mer ; 11
avoit eiîàyé de fortir, mais il avoit été obligé de rentrer, dans
la crainte qu’on eut à bord qu’il ne fourfoubrât en pleine
mer; car il ne portait point la voile., & on ne fàvoit à
Manille quel parti prendre; preuve évidente de l ’état où eft.
d a n s l e s ' M e r s d e l ’I n d e . 223
la Marine en cette ville. Fort heureufement M. de Cafeins
•arriva ; il vit dans le moment venir à fon fcord une députation
du Commerce , pour le prier de voir & vifiter le
Saint-Charles, & de remédier , s’il étoit poflible , à fes
défauts. Comme le départ preffoit, on travailla fur le »champ
à décharger le Vaiffeau : M. de Cafeins remarqua que ce
-n’étoit pas dans l’arrimage que confiftoit, comme le pen-
foient les Manillois,-le défaut du Vaiffeau; que ce défaut
venoit au contraire de lès hauts, qui étoient trop charges de
bois & trop élevés : fon château de 1 arrière fur-tout était'
énorme; il avoit, avec cette groffe poupe, l’apparence d’un
Vaiffeau de guerre de foixante- quatre canons au moins,
M. de Cafeins fit abattre ce beau château, & mit le Vaiffeau
ras comme une Frégate : la faifon preiîoit, aufli M. de Caièins
mit-il la plus grande aélivité dans fon travail, bien fécondé
par Don Jofeph de Cordoua, excellent Officier à tous égards.
Enfin, la frégate le San-Carlos, qui, fans M. de Cafeins
ne fut pas fortie, fut en état le 20 d’Août. M. de Cafeins
l’effaya dans la Baie, & la fit louvoyer pendant deux jours r
on vit que cette frégate pouvoit aller au Mexique; elle partit
Je 23. Ce Vaiffeau fit le voyage fort heureufement, & il
le comporta très-bien à la mer ; cette épreuve engagea 1©
Commerce de remettre ce Vaifleau à peu-près dans la même
forme qu’il avoit lorlque M. de Caièins le fit râler, c’eft-à-
dire, qu’on lui fit un nouveau château d’arrière, parce que,
fans doute, les Manillois ne le trouvoient pas âffez commode
pour les logemens. Le Père Don Eftevan Roxas y M e lo ,
m’écrivit à Pondichéry, que ce Vaiffeau avoit manqué fon;
Voyage ; que pendant un coup de vent qu’il avoit efliiyé
dans la mer du S u d , j ï ne fut jamais goffible de le faire