de renard volant, du moins elles en ont la tête & l’odeur *
fur-tout étant bouillies; quand on en veut manger on leur
coupe la tête & on les met fur le gril ; dans la faifon des
fruits elles font grades, & font affez bonnes à manger de
cette façon : à Mindanao il y a un nombre prodigieux, &
pour ainfi dire infini, de cette elpèce de chauve-fouris ; on
en voit palfer des nuées au coucher du Soleil : pendant le
jour elles le retirent & le tiennent dans ces cavernes qui
leur fervent d’afile contre ia vivacité de ia lumière; elles
rempliflènt ces cavernes de fiente, qui étant bénéficiée
fupplée au faipêtre.
Les habitans de Mindanao paroiifent, comme ceux de l’île
Luçon, avoir différentes origines, & beaucoup de reiîem-
blance avec ceux de Bornéo, Macaflar & des Moluques:
il paroît, félon Dampier, qu’ils ont une Langue qui leur eft
naturelle, mais ils parient également la Langue des Malays ;
ceci n’a cependant lieu qu’à la ville de Mindanao, à caufe ,
fans doute, de leur commerce avec les Malays, car dans je
centre de l’ifle les habitans parlent la Langue du pays , dont
je n’ai pu rien apprendre de particulier.
Iis font tous Mahométans, ont des Écoles où l’on apprend
à lire & à écrire aux enfans; on les élève dans la religion
Mahométane : leurs prières font remplies de termes Arabes.
Il y a très-peu de Chrétiens dans l’île de Mindanao ; fi
on en trouve encore quelques-uns, c’eft à Sambouangam,
où les Eipagnols ont encore un Fort ; car à Mindanao * qui
eft la ville capitale où réfide le Roi ou Sultan, il n’y a plus
aujourd’hui de Chrétiens, les habitans y font tous Mahométans.
Cette ville eft fituée fur la côte méridionale de , l’île , à
7 degrés 20 minutes de latitude, felon Dampier; à deux
milles
v a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . 81
milles de la mer. Les Eipagnols ont eflàyé, à différentes
reprifes, de s'emparer de cette grande Ifle, mais ils n’ont
jamais pu y réulfir; iis ont eu cependant différens établiife-
rnens & plufieurs forts, mais tous fitr le bord de la mer :
lorfqu’ils fe crurent aifez puiflans, ils envoyèrent deux religieux
à la ville de Mindanao, pour convertir le Sultan ou Roi,
& fes iujets; alors ces peuples commencèrent à apprendre
l’elpagnol; les Eipagnols commencèrent de leur côté à empiéter
fitr eux, & effayèrent de fes réduire fous leur obéilîance
comme ils avoient fait les Tagalos à Manille; ils auraient
vraifemblablement réulfi dans leur projet, & lùbjugué la ville
& fon Roi; mais un événement malheureux pour eux, heureux
peut-être pour le roi de Mindanao & fes fujets, les
Chinois menacèrent la ville de Manille. Ils fe font foulevés
plufieurs fois, & peu s’en eft fallu qu’ils n’aient emporté
cette ville. Ce fut en 163 <j qu’arriva l’événement dont il
eft ic i queftion ; les Eipagnols furent obligés de quitter
Mindanao pour aller au fecours de leur Capitale ; à peine
eurent-ils mis à la voile, que le Sultan démolit leur fort &
le rafà, emporta les canons & renvoya les Moines ; & depuis
cette époque, les rais de Mindanao n’ont point voulu permettre
aux Eipagnols de s’établir dans la Capitale ni dans
aucun endroit de fa domination; malgré cela, ils font retournés
à Sambouangam, s’y font établis, y ont un fort, & ils
regardent i’Ifle comme à eux.
A trente lieues, dans le Sud-oueft de Sambouangam,
eft file de Jolo, le chef-lieu de tous les Maures des Ifles
environnantes. Les Eipagnols fe difent encore les maîtres de
cette Ifle; mais ils n’y ont plus perfonne.
. Les Joiois fréquentent beaucoup les Ifles des environs •
Tome II, L