la bouche on quelles viennent d’en mâcher; entr’elles, elles
y font faites, & cette odeur ne leur femble point infuppor-
table pomme à nous. Au Fort-dauphin, elles ufent peu de cette
herbe; pu, iorfqu’eiles en ont ufé, elles ont grand foin de
fe bien laver la bouche, parce qu’elles lavent bien que nous
n’aimons point l’odeur qu’ocafionne cette plante.
En général, toutes ces femmes font de la plus grande propreté
pour leur corps, allant plufieurs fois par jour iè laver,
foit à la mer, foit dans les rivières, foit dans les étangs qui
font à leur bienféancé; & pour peu quelles aient eu quelque
familiarité un peu intime avec un homme, elles rie manquent
jamais d’aller au bain 1 muant d’après : elfes n’ont pas le
même foin des bardes qu’elles portent ; car elles les lavent
fort rarement.
Toutes ces femmes fument comme les hommes, & elles
fo prêtent mutuellement la pipe : elles n’aiment point le vin;
en vain leur en offre - t -on ; elles boivent à la place très-
volontiers de l’eau-de-vie; elles ne s’étonnent point quand
on leur en offre plein un grand verre.
Eeur habillement eft le faimhou, ç’eft-à-dire , un morceau
de toile dont elles s’enveloppent tout le corps , depuis le
deffbus du foin julqu’en bas ou à mi-jambe; elles ont avec
cela le canefou, c’eft-à-dire une elpèce de haut de chemife,
qui ne deicend an plus qu’à la fnoitré du foin & des épaules,
Au Fort-dauphin, elles ufent peu de canefou, qu’elles nomment
açanye; & il n’y a guère que les femmes âgées qui s’en fervent,
Elfes font fort curieufes de nos verroteries ; leur en donner,
eft leur faire une très-grande galanterie: elles s’en font des
qrnemens de luxe, qu’elles,fe mettent aux poignets, aux bras,
£iix jambes, au cou, & autour de la tête dans leurs cheveux!
la parure chez les femmes, eft comme l’on voit de toutes les
Nations.
A Madagafcar comme aux Philippines, elfes portent, en'
outre, aux poignets des meniUes, eipèces de grands anneaux
qu’elfes peuvent ôter quand elles veulent ; ces jnenilles font
de cuivre ou d’argent, félon la richeifo ou les facultés : elles
en portent jufqu’à trois à chaque poignet ; ces lîx menilles
pèfent autant que fix gros écus.
L’argent que nous leur portons, leur fort principalement à
cet ufage; à faire des pendans d’oreilles, des eipèces de chaînes
ou de grands colliers qu’elles fo paffent au cou, & qui def-
cendent jufqu’à l’eftomac: ces chaînes portent un petit accompagnement
ou affortiment de cure-dents, de cure-oreilles &
de petites pinces également d’argent, pour s’arracher les poils
des narines & des autres parties du corps où elfes le jugent
inutile. Elfes aiment fmgulièrement nos petits miroirs de'
poche, & elles les confervent très - précieufement. On vo it
des hommes qui portent auflî de ces colliers.
J’ai trouvé que tous les gens deMadagafear font, en généraf,.
très-affables; les femmes, lur-tout, l’emportent pour la douceur
& la prévenance. Lorfqu’on rencontre des Noirs dans ion
chemin, ils font les premiers à vous dire j fjnar tanaa , bon
jpur vous ; ce qu’ils accompagnent, d’un petit mouvement de
tête. J’entrai une fois dans une cafe,, où tout 1e monde me
donna 1e bon jour, excepté un enfant de huit à dix ans;, qui,
à la place, me confidéroit beaucoup ; la mère lui dit : Sis jinar
muni, vaja, il n’y a point de bon jour avec ce Blanc.
Cette grande douceur &. affabilité dans les femmes , les
fait rechercher des Européens ; l’attachement qu’elles ont pour
eux eft fingulièr & ft fort, qu’il eft à l’épreuve de tout,, &