coramençoîent à fè faire fentir au Port-Louis; c etoit pafTêr
affez fubitement d’un climat où la chaleur étoit modérée,
dans un autre où elle étoit exorbitante; en mettant pied à
terre, il me parut que j’entrois dans un four à réverbère-
uri accablement général & une pefanteur fingulière, me fai-
firent à un point qu’à peine je pouvois pofer un pied l’un
devant l’autre; la chaleur du jour, au milieu des terreins
arides & pierreux du Port-Louis, me paroiffoit infuppor-
table : j’attribuai au climat & à la failon ce changement d’état,
& ne prit aucune précaution en confèquence; mais enfin,
le fixième jour précifement depuis notre arrivée,. un, violent
coup de fang dont je fus attaqué,. penfa me caufer la mort.
(Voyei Tome I , page 1 1 ) . J’attribuai mon accident à ce
que j’avois pris trop de nourriture au Fort-dauphin.
Il feroit très-aifé de s’établir au Fort - dauphin, & les
établifTemens qu’on y a faits jufqu’ici fans aucun fruit, ne
doivent pas rebuter; le dernier fur-tout, commencé comme
jetois à Manille en 1 76 6 & 17 6 7 , & détruit en moins de
trois ans, ne peut point décourager: cet établiffement fè
faifoit aux frais & aux dépens de l’lile-de-France, qui eil une
Colonie pour ainfi dire naiilànte, & qui elle-même a befoin
des fecours de la France. L’établiffement du Fort-dauphin
doit être tout aux frais de la France : on pourroit pofféder en
cet endroit une grandp étendue de terrein , fans que les
Noirs s y oppofàflènt; on y auroit des provinces ou colonies
plus grandes & plus belles qu’aucune de ces îles Antilles
que nous vantons tant ; les Noirs ne feroient point fâchés de
nous y vo ir , & en vivant en bonne intelligence avec eux,
on en tireroit tous les fecours poffibles.
Le point eiîèntiei eit donc de ne point moiefter ces
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . 4 0 5
peuples, de n’en point faire un peuple efclave; d’imiter en
cela les HoÎiandois au cap de Bonne-efpérance; de fe fervir
de ces Infulaires comme ôn fe fert de domeftiques en France,
& fur-tout de les laiffer libre fur l’article de la Religion;
j’entends par-là, qu’on ne les force pas à embraffer la nôtre,
à moins que ce ne foit par la force de la parole, qui eft la
voie feule & unique dont je permette d’ufer, fyr-tout dans
ee pays : nous avons manqué dans le dernier fiècle à cette
précaution fi fage; malgré cela, ce peuple bien différent du
peuple Japonois, nous permettra de retourner au Fort-dauphin
& de nous y établir, fans qu’il foit befôin pour cela d’ufèr
de forces.
II ne faudroit pour commencer, qu’un envoi de deux à
trois compagnies feulement de Troupes réglées,. & d’être
toujours fur lès gardes ; un Gouverneur fage & modéré,
bon patriote, & qui eût par conféquent en vue le bien de
fa Nation & le progrès du commerce des fujets du Roi ; il
faudroit que ce Gouverneur ne reçût fes fecours, tant en
hommes qu’en argent, &c. que de la France directement.
Qu’on confulte Flacourt, on y verra des choies excellentes
concernant cet établiffement ; on verra qu’if a conflruit au
Fort-dauphin des bateaux avec lefqueis il faifoit le cabotage
dans toutes fortes de faifons ; de petits bateaux pouvant
approcher fort près de terre,, peuvent par la même raifon
fe réfugier & le mettre à l’abri dans qùelqu’anfe pour y
effuyer le mauvais temps lorfqu’il en arrive ; & fi du temps
de Flacourt les François alloient dans ces bateaux jufqu’à
Foulpointe & à Sainte-Marie, pourquoi ne pourroient-ils pas
remonter aujourd’hui jufqu’à la baie d’Antongil & y hiverner^
( Voyez ci - après cet article J.