C e n’eft pas à l’infpeclion feule de la furface du terrem
qu’il faut s’en rapporter pour juger de l’état paffé de l’Ifle-de-
France; j’ai vifité le fond des ravines, les montagnes, &c.
Dans le temps que l'on fit les chauffées qui fervent à paffer
les ravines de l’entrée de Moka & des plaines de Willems,
!on coupa à droite & à gauche, dans les hauteurs voifines, des
remparts de douze à quinze pieds de hauteui, & ce fut la
terre qui en provint qui fervit à faire le déifias des chauffées.
¡J’ai vu faire ce travail, & voici ce que j’ai obfervé : la coupe
de ces remparts m’offrit une terre rougeâtre remplie fans aucun
ordre, de blocs de pierres de différentes groffeurs, mais prefque
tous ronds : ces pierres n’avoient encore qu’une très-légère
folidité; elles étoient friables, & le grain en étoit le même
que'celui des pierres dures que l’on trouve dans d’autres coupes
de terrein de cette même Ille; ces pierres étoient enveloppées
par une efpèce de croûte fort dure , & de la même couleur
que la terre d’où je les tirois. -Toutes les- terres de i’Ifle-de-
France renferment de ces fortes de pierres en quantité, mais
dures ; on en voit d’énormes : f i on enlève celles qui font
actuellement fur la furface de la terre, les pluies en font bientôt
paroître de nouvelles, fur-tout dans les endroits qui font
en pente, comme le font les plaines de Willems.-
Je jugeai donc que toutes ces pierres fe formoient dans
îa terre & s’y durciffoient ; & par l’examen que j’en fis , je
trouvai que c’étoit une elpèce de quarti : elles font d’une
extrême dureté ; on ne peut les caffer ni les travailler que
par le moyen des mines & du marteau ;'elles font, avec cela,
très-poreufes, c’eft-à-dire, qu’elles font criblées dans leur,
intérieur, de quantité de petits trous de peu, de profondeur j
& remplis d’une efpèce de criffallifation.
j ’ai remonté jufqu’à la fource de la rivière du Rempart,
qui foft du fommet d’une montagne qui ne doit pas avoir
jnoins de deux cents toifes de hauteur : j’y allai avec M. de
Chafal, alors Secrétaire du Confeii Supérieur , & voici une
obfervation affez fingulière que j’ai faite fur ce quartier.
Les hois, affez beaux vers les bas de la montagne , deviennent
clairs & petits à mefure que l’on monte ; & fur le haut, ee né
font prefque plus que des baliveaux embarrafles de quelques
brou (Tailles : là on trouve le commencement de la rivière ;
c’eft une petite cafcade qui tombe de quelques pieds de haut,
dans un joli baffm; l’eau fort d’un banc de roches horizontal
qui pofe fur un autre banc fort épais d’une terre- fort graifo
d’un gris blanc, & qui a affez de confiftance pour être coupée
avec le couteau; on en formeroit des blocs confidérables,
mais cette terre mife à l’air, ne fe durcit point ; elle elt remplie
intérieurement d’une quantité furprenante de petits points
noirs• qui reflèmblent, à les vo ir, à du charbon, mais qui
vraifemblablement font du fer.
Dans la vallée au pied de la même montagne, dans une
habitation qui eft là , on trouve de très-belle & très-bonne
pierre à bâtir, qui m’a paru être de même nature ou avoir le
même grain que cette terre que l’on trouve fur le haut,; criblée
de même dans fon intérieur r & remplie des mêmes parties
noirâtres ; d’où je conclus que ces pierres fe font formées dans
le fein de la terre de cette montagne ; que leur fubftance a
été anciennement auifi tendre que celle de cette terre dont je
viens de parler, & que les pluies & les torrens ayant dégradé
une partie de la montagne, ces roches ont été entraînées dans
la vallée.
Au pied des montagnes de la yilleb a gu ç , dans des.-