auffi dans une profonde ignorance de la Médecine & de fart
de guérir ; fi on a quelqu’incommodité on fe famiiiarife avec,
8c on fe fait à la longue une habitude de vivre avec elle •
c’eft ainfi que je gardai la mienne pendant plus d’un an, &
je n’y trouvai de fecours & de foulagement qu’à mon arrivée
à Pondichéry.
Je reviens à mon fujet, le cerf abonde aux Philippines
& y eft à bon compte ; les poulets, les poules, les chapons,
les pigeons s’y trouvent en fi grande abondance que tout
ie monde en mange; il y a des coqs 6c des poules d’eau; il y
en a de fauvages ou de bois 6c de montagnes, des canards,
des efpèces de cailles 6c de perdrix, 8c grand nombre d’autres
oifeaux bons à manger ; quelques perfonnes nourriffent des
lapins par curiofité, car la terre ne leur eft pas propre,
parce que cet animal aime à terrer ; mais il ne le pourrait
faire fans rencontrer incontinent l’eau.
L ’abondance de poiifon eft telle aux Philippines qu’if
femble que la mer, les lacs 8c les rivières le foient rendues
tributaires de ces Ifles. -La ville de Manille fur-tout abonde
en poiifon, que lui fourniffent les deux lacs de Bay'8c de
Bombon qui en fourmillent. La baie de Manille eft encore
très-riche en poiifon.
A r t i c l e c i n q u i è m e .
Des richejfes naturelles aux IJles Philippines, ir de celles
qui proviennent de l’indujlrié.
L 'or iê trouve dans prefque toutes les Mes Philippines *
on en trouvoit autrefois beaucoup ; on m’a affiné que la quantité
qu’op en tirait, foit des mines, foit des fabiçs que les rivière«
eharient, montait à deux cents mille piaftres, année commune.
En 1 5 7 8 , le Roi d’Efpagne, par une Ordonnance,
accorda aux Indiens naturels fournis à fon obéiffance, le
cinquième de l’or qu’ils exploiteraient; mais cette remife n’a
pas produit l’effet que la Cour de Madrid avoit efpéré.
Depuis ce temps-là i’Efpagne n’a pas celle d’encourager
l’exploitation des mines d’or aux Philippines, niais fans
fuccès.
En 162.6, un Enfeigne découvrit une mine qui s’étend
pendant l’elpace de neuf lieues; 6c en 1 7 3 6 , le R o i, par
une provifion royale du 22 Septembre, ordonna qu’il ferait
accordé dorénavant aux Philippines les privilèges des Mineurs.
Malgré tous ces encouragemens, - on tire aujourd’hui très-peu
d’or des Philippines ; il ne fe trouve perfonhe qui prenne à
tâche de travailler les mines : il y a eu des Gouverneurs qui
ont cherché à en bénéficier quelques-unes, mais çà toujours
été à pure perte, 6c ils ne ramalîbient que quelques paillettes;
ils ont abandonné leur entreprife. A l’égard des Naturels du
pays, ils n’ont aucun goût pour ce genre de travail, 6c s’ils
travaillent à quelque lavage, ils le font avec ce flegme dont
ils ont coutume d’ufer dans tout ce qu’ils font.
Les Elpagnols ne s’appliquent point à ce genre de travail,
foit à caufe qu’il n’y en a point de capables de fùpporter la
fatigue qui en eft inféparable, foit à caufe qu’ifs regardent
qu’il eft plus aifé de s’en tenir au gain que leur procure le
commerce d’Acapulco, foit enfin parce que les Naturels leur
donnent à bon compte le peu d’or qu’ils ramaffent malgré
leur pareffe 6c leur indolence ; ces deux dernières raifons
me paroiffent très-vraifemblables ; ces Indiens bénéficient en
effet les mines avec facilité 8c à peu de- frais, ce qu’ils font