Sa'mt-Thomas-du-Mdnt (comme on vient de voir ci-deflus)',
à deux lieues & demie de Manille, dans la partie de l’Eft.
(Voyez encore ci-après le mois d'Oâobre, i y 6 / ).
Les Elpagnols appellent ces tempêtes les tremblemens de
terre des Indiens ; par de juftes représailles , les Indiens
pendant les tremblemens de terre, étant en fûrêté dans leurs
palais de paille, fe moquent alors des Elpagnols qui font
continuellement en crainte dans leurs maifons.
Parmi tous ces orages, fi communs à Manille pendant
J e t é , j’en ai obfervë quelques-uns datiez fînguliers pour
demander dette décrits ici (Voyez auIT‘ Tome I , p. y2 1 ) .
Par un grand nombre d’obièrvations que j'ai faites dans la
Zone torride, j’ai vu que la couche inférieure des nuages
qui forment les oiages ordinaires, ne s’élève pas à plus de
quatre cents cinquante toifes de hauteur perpendiculaire.
Au-deifus de cette couche , j’en voyois fouvent une autre
beaucoup plus élevée/rare & déliée, ayant prefqüe toujours
une direction contraire a la couche d’en bas, mais très-peu
de mouvement.
Les orages dont je veux parler ici avoient cette fingula-
r ité, d’être, comme cette fécondé couche , beaucoup plus
elevés que ne le font les orages ordinaires, comme s’ils
eulfent réfidé dans le haut de l’atmolphère.
Le nuage qui formoit ces orages étoit délié; peu noir,
ne paroiflànt pas capable d’occafionner de tonnerre, avançant
d un pas fi lent qu’il paroilfoit fans mouvement : cependant
il s étendoit infenfiblement, & en quelque forte fans qu’on
s en aperçut; enfin le ciel le trouyoit tout couvert: alors il
éclairoit & il tonnoit beaucoup ; mais quoique les éclairs &
les coups de tonnerre partilîènt quelquefois du Zénith , on
s’apercevoit que l’explolion le faifoit beaucoup plus loin que
dans les orages ordinaires, parce qu’on n’entendoit le tonnerre
que très-long-temps après l’éclair; que le bruit étoit fort
fourd, femblable à ces coups de tonnerre des orages encore
éloignés ; & qu’enfin, les éclairs qui ferpentoient en forme
de globes de feu fur la lùrface de ces nuages finguliers,
n’avoient pas la vivacité des éclairs des orages ordinaires:
les yeux ne fatiguoient point à les confidérer.'
Si l’on a quelquefois v u , comme il m’eft arrivé une fois
a moi-même à l’Ille-de-France, leclair fbrtir de terre dans
certains orages ; cela ne peut certainement pas être arrivé
dans les orages de l’elpèce de ceux dont je parle ici.
A la mouflon du Sud, fuccède celle du Nord, & c’eft ce
qu’on appelle hiver à Manille ; mais on ne s’y chauffe point,
& les arbres confervent continuellement leurs feuilles.
Ces deux mouflons règlent donc l’été & l’hiver : l’hiver
eft agréable ; on n’a dans cette faifon ni grand chaud, ni
grand froid: le thermomètre ne defcend qua 14 à 13 degrés
pendant le mois de Février, qui eft ordinairement le mois
le plus froid de l’année; en Janvier, il marque ordinairement
I16 degrés ~ & 1 5 degrés f , & cette température eft aflez
fraîche pour obliger de fe fervir pendant la nuit d’une couverture
de laine. Les après-dîners, ie thermomètre monte
de 2 3 degrés j à 2 5 degrés ÿ ; il y a cependant quelquefois
des exceptions ou des jours extraordinaires.^où, quoique le
thermomètre n ait marqué le matin que 1 ÿ ou 16 degrés,
comme il fait tous les jours en Janvier & Février, il monte
cependant l’après-midi à près de 29 degrés.
Je ferai remarquer ici à ce fujet, que la fenlàtion qu’oc-
tafionne la chaleur, n’eft pas toujours relative au degré que