blancs ou plutôt rouges, tranfplantée des fables de la Mecque
au Fort - dauphin, n’y fubfifle plus : cette race efl éteinte ;
s’il en refie encore quelques traces, comme on l’affure dans
Je pays, ces relies fe trouvent dans les montagnes fort
éloignées, & font en horreur aux Naturels qui les méprifent
fouverainement. Ces Blancs ainfi retirés, n’ofent par conféquent
paraître, dans la crainte où ils font des Naturels, qui en
tuent autant qu’ils en trouvent.
L e terme de Rohandrian s’efl cependant confervé au Fort-
dauphin ; les Nègres s’en fervent entr’eux, & même envers
les Européens qu’ils jugent tenir un rang diflingué parmi
ceux de leur Nation : d’après cette idée de la part de ces
peuples, ils ne me nommoient jamais que Rohandrian.
Comme tous les indigènes à Madagafcar, lëmblent être,
ainfi qu’à la côte d’Afrique par la même latitude, la même
eipèce d’homme plus ou moins robufle , il y a bien de l’apparence
que les Oves dont j’ai parié au commencement de cet
article, race inconnue à Flacourt, efl une race abâtardie ou
dégénérée de celle fortie des fables de la Mecque ; leurs
cheveux, leur couleur, &c. l’indiqueraient afîez.
Il ne ferait pas en effet impoffible que ces Oves defeen-
diffent des Arabes.
Les Arabes commercent encore aujourd’hui à la côte de
l’O uefl, & il y a toute apparence qu’ils y vont de temps
immémorial. Les habitans de Sainte - Marie & ceux de la
côteoppofée de Madagafcar, fe difoient du temps de Flacourt,
& fe difent encore aujourd’hui , race d’Abraham ( Z affe
Hihram); ce qu’il y a de très-vrai, & en même temps de
très-remarquable, c’efl que i a ÿ ou iaffè, dans la langue du
pays, lignifie-race, lignée ou descendant.
Les Arabes pofsèdent au Nord de Madagafcar & du
canal de Mozambique , la fertile île d’Anjouan à foixante
lieues au plus de Madagafcar; il n’y a donc pas d’impof-
fibilité que les Oves defèendent des anciens Arabes.
Mais y a-t-il à Madagafcar des Pygmées? je me trouve en
quelque forte forcé de faire cette queflion & d’y répondre,
ayant été long-temps fur les lieux , & ayant entrepris de
donner quelques détails fur cette grande Ifle; j’avoue cependant
que j’aurois cru cette queflion fort inutile à traiter, &
je ne l’aurois jamais agitée, fi quelque temps après mon
retour en France, je n’euffe lu, avec la plus grande furprife,
une lettre de M. Commerfon à M. de la Lande, inférée
dans le Supplément au voyage de M. de Bougainville, &c»
par M. de Fréville ( Paris, iy y 2 , cheç Saillant).
Comme le nom de M. Commerfon, à fi jufte titre connu
de toute l’Europe , m’a paru avoir donné beaucoup de
crédit à cette idée, qu’il y a une nation de Pygmées à Ma~
dagafear, j’ai cru que je devois, en peu de mots, chercher
à défabufer le Publie, du moins lui faire part dè ce que je
puis favoir à ce fujet. Je n’examine point, fi M. Commerfon
n’a pas mis un peu trop d’enthoufiafme dans fa lettre , quand
il parie de Madagafcar ; s’il faudrait en effet, comme ifle dit,
des Académies entières pour parvenir à connoître les productions
de cette Ifle; fi la moiflon ferait trop abondante pour
une feule Académie. Je veux bien croire que cet infatigable
Botanifle a pu ramaffer dans fon voyage, quoique rapide,
autour du Monde, vingt-cinq mille plantes; je ne lui con-
teilerai pas que la taille ordinaire des Patagons, avec lefquels-
il a paffé deux heures entières & que je n’ai pas vus , n’efl
que de cinq pieds fix à huit pouces, & qu’aucun n’excède