tout ce mois, & fouvent une grande partie de Juin, en
balance. A Pondichéry, les vents d’Oueft ou de terre étant
déclarés , y font allez conftans ; à Manille , au contraire,
pendant la mouflon du Sud, les. vents font très - fouvent
variables du Sud à. l’Eft : ces vents forment des orages
effroyables, qui filent prefque tous le long des montagnes,
en tournant comme l’horizon ; en forte qu’ils ne font pas
bien violens à Manille, qui n’en reflent le plus fouvent que
les extrémités; mais il y éclaire prefque tous les foirs eonfi-
dérablement : enfin , on eft expofë à Manille à des orages
régulièrement tous les jours pendant la mouflon du S ud,
iorfque les vents d’aval ne foufflent point, & que la brife
eft variable du Sud à fEft.
Lorfque les vents d’aval foufflent, les orages difparoifTent;
les pluies, à la place, font fi abondantes, qu’on peut à peine
s’en faire une idée : les vents font en même temps de la
plus grande violence. Lorfque ces vents furprennent des
,V ai fléaux aux approches des Philippines, ces Vaillêaux
n’ofent avancer dans la crainte de fe perdre ; ces mêmes
vents Les mettent auffr quelquefois en danger, en les affalant
fur la côte.
Un pilote François , réfidant à Manille , qui avoit fait
treize voyages à Batavia , m’a alluré que fur ces treize
voyages , il ne lui étoit arrivé que trois fois d’avoir eu du
beau temps au retour, à l’attérage de Manille. L’année que
j’y. arrivai, ces mêmes vents d’a val, qui nous : affaillirent
quarante lieues environ au vent de Manille, firent faire
naufrage à un vaiffeau Portugais, qui le perdit fur l’île
de Paraguas.
Si ces vents forcent les Yaifleaux qui font dehors à tenir
le large,
le large, dans la crainte d’aller à la côte, ils arrêtent, par
la même raifon, dans la Baie, les Vàifleaux qui en voudraient
fortir, parce qu’ils enfilent les deux palïès.
Le galion pour Acapulco, eft quelquefois retenu pendant
quinze jours ou trois femaines. En i y 62 , ces vents d’aval
furent en effet fi conftans & fi violens , que le galion la
Sainte-Trinité refta trente-deux jours à l’ancre, à l’entrée de
Marivelles; les vents liii permirent, à la vérité, de fortir par la
grande paffe, mais ce fut pour le contraindre de rentrer par
la petite paffe, qu’il trouva fort à propos, où il mouilla, &
où il refta plufieurs jours encore à l’ancre : enfin, la brife
ayant un peu varié & adonné, il fortit une fécondé fois
par la grande paffe, à force de bordées : ce retard de plus
d’un mois , caufe par les vents d’aval, fut caufe que ce
V ai fléau manqua fon voyage & fut pris par les Anglois.
( Voyez ci - devant l'article du Commerce J.
Quoique les vents d’aval foient conftans dehors , ils ne
le font pas toujours à Manille; j’y ai vu arriver des Vaiffeaux
pendant la force de la mouflon du Sud, qui avoient elfuyé,
dehors ou aux approches des Philippines des temps affreux,
pendant que nous avions des petits vents de Nord-eft à l ’Eft.
Ces Vaiffeaux nous déclarèrent qu a mefure qu’ils entraient
dans la Baie, les gros temps les avoient quittés; d’où il fuit
que les vents d’aval font en général beaucoup plus conftans
dehors que dans la Baie.
Ces vents d’aval foufflent par reprife ; chaque reprife ou
durée eft tantôt plus, tantôt moins longue ; comme de quinzé
jours ou.de trois femaines, après lefquelles ces vents fe
repofent, & laiffent fouffler les autres, ç’eft-à-dire, fur-tout
cepx. du Sud à l’Eft.
Tome IL y |