iîx pieds quatre pouces ; je lui paflè que les Patagons de
l’intérieur des terres qu’il n’a pas vus, foient auffi renfermés
dans les bornes de lix pieds quatre pouces ; enfin je ne lui
contefterai point que cette taille de fix pieds quatre pouces,
qui paife. cependant ici pour être celle d’un Géant, ou d’une
taille extraordinaire, eft commune en Franche - comté, en
Suiflè & en Allemagne ; mais ce que je contefterai à M. Commerfon
, c’eft qu’il y ait des Pygmées à Madagafcar,
Mes recherches, dit-il (page z 6 i ), ne fe font pas bornées
à ¡a Botanique ; je n’ai pas obfervé avec une moindre attention
les habitons de cette riche contrée : cependant M, Commerfon
paflè aflèz rapidement fur ces finguliers habitans,
qui ont toujours bien reçu, dit-il encore (ibid. ) les Européens,
mais qui les ont fouvent égorgés.
On voit que l’objet de M. Commerlbn, eft de s’étendre
davantage fur la prétendue race des Pygmées de Madagafcar ;
M commence par rappeler l’Hiftoire des Patagons : I l va faire,
dit-il (page 264 & fui vantes), la defcriptioti d’un peuple affei
extraordinaire, qui habite les plus hautes montagnes de Madagafcar.
Cette relation me fera fans doute trouver grâce, continue
M- Commerfon, devant les amateurs du merveilleux, que
j ’ai furement révoltés en parlant des Patagons ; ils auront été
indignés de voir réduire à f x pieds de haut la taille de ces
prétendus géans : ces Titans prodigieux du détroit de Magellan,
n’ont jamais exifté que dans l ’imagination échauffée des Poètes
¿X des Marins...........
On vo it, par cet expofé, que M. Commerfon veut préparer
les lecteurs à une autre eipèce de merveilleux qu’il
va leur raconter ; mais M. Commerfon n’a point vu la
prétendue race des Pygmées de Madagafcar, comme il les
nomme
ïiomme, au lieu qu’il a réellement vu les Patagons. J ’ai vu,
dit-il ( page 266) , comme eux ces mêmes Patagons; je me
fuis trouvé au milieu de plus de.cent., &c.
Après ce préliminaire fur les Patagons, M. Commerfon
paflè aux Pygmées de Madagafcâr: Ces demi-hommes, dit-il
( page 2 dp ) , habitent les hautes montagnes de l'intérieur
de la grande île de Madagafcar, & forment un corps de
Nation conftdérable, appelée Quimoflè ou Kimoflè en langue
'Madecaffe, ¿Xc.
Je ne fois fi les Efquimaux, peuples du Nord, n’auroieiit
pas fourni à M. Commerfon , par quelque reflèmblance
éloignée, le mot Quimofs ou Quiniûs, dont il iè fort ici
pour-dénommer ces prétendus Pygmées de Madagafcar; ce
qu’il y a de très-vrai, eft que le mot Quimoffe n’eft point
un mot Madecaflè, comme il le prétend: on ne trouve dans
la langue de ce pays, qui tient beaucoup de l’Arabe, fur-
tout au Fort-dauphin, aucun terme qui approche de Quimoffe;
ce mot, au contraire, a beaucoup plus de reflèmblance au
Portugais qu’au Madecaflè. Quiros, Quevedo, font des noms
Portugais ou Elpagnols, & moffe èft un terme que les Portugais
ont porté dans l’Inde, lequel fignifie' fervante, femme
de chambre, & qui vient de Moça.
M. Commerfon décrit aflèz en détail les moeurs de ces
Pygmées, moeurs auffi fingulières que leurs perfonnes ; il
les fait beaucoup plus Ipirituels que les autres peuples de
Madagafcar : il leur donne de l’aélivité, du courage même,
en raifon double de leur taille ; beaucoup d’adreife & de
fineflè, pour s’empêcher detre fubjugués par les autres
peuples & pour conlèrver leur liberté : il les fait vivre de
riz, de légumes, de racines & de différens fruits qui croiflènt
Tome II, S f f