bon état; qu’il pouvoit compter fur ce qu’il lui diioit, & c.
tout ie travail n’avoit pas excédé la dépenfe de huit ou neuf
mille piaftres, au lieu de quarante mille; c’étoit une dépenfe
réduite au cinquième environ. Don Juan de Cafeins, bien
content & bien fatisfait d’avoir fait voir au Gouverneur
combien on le trompoit, partit le 12 Février 1 76 7 .
Le i .' Mars, c’eft-à-dire, quinze jours après le départ
de M. de Cafeins,. que l’on fe doutoit bien être aifez loin
pour ne pouvoir pas revenir, fur lès pas, contre la violence
des vents de Nord-eft ; étant allé, félon mon ufage, chez le
Gouverneur, qui, depuis le départ de M. de Cafeins, ne
me marquoit plus le même air d’affabilité, ma furprife fut,
ou ne peut pas plus grande, lorfque je lui entendis dire qu’il
avoit ordonné, par un décret, une vifite pour aller recon-
noître l’état .de la Sainte-Rofe : je ne pus m’imaginer ce qu’on
youloit faire. La Commiffion nommée pour cet examen,
étoit compofée du Fifcai, du Contador, du Général du.
Galion & d un Pilote: c’étoient-là les gens qu’011 oppoioit
à des Officiers expérimentés; à M. de Cafeins & à M- de.
4 Cordoua, un. Filcal nullement au fait, un Contador (.c’eft
celui qui calcule & qui dreflè les comptes de la Chambre
des Comptes ), un Général : on a. vu. ci-deffus quel homme
G eft que le Général du Galion (p. 20 p ) . : le Pilote, ne me
parut pas en favoir bien long liir cet objet. Ce fait me parut li,
»•inouï & fi extraordinaire,-que j’avois de la peine à le croire;
mais enfin je commençai à ouvrir les yeux, & à entrevoir
ce que c’étoit que le pays dans lequel j’étois. J’allai le lendemain
matin voir M. le Fifcai ; juiqu’à ce jour il m’avoit
témoigné beaucoup d amitié, je le trouvai, comme le G ou-
¡yerneur, changé à mon égard & fort reiroidi; il. me,reçut
V A N S LES . \Me R S V É L i N D E . 221
Cependant affez bien : je lui parlai de la commiffion qu’il
avoit; il me répondit qu’il failoit bien voir fi le Vaiffeau.
étoit en état de naviger, & que c’étoit la raiibn pour laquelle
le Gouverneur avoit ordonné une vifite. Je ne parus prendre ■
parti ni pour ni contre; je priai feulement le Fifcai de me
mener avec lu i, fous prétexte de me promener, & de jouir
du plaifir de faire le voyage en fa compagnie. Nous partîmes
à cinq heures & demie du matin; je vifitai le Vaiffeau
comme tous les autres : on me montra quantité de prétendues
mauvaifes pièces, & j’entendis beaucoup crier contre
M. de Cafeins. J’avois affifté pendant cinq ans de féjour à
l’iile- de -France, à toutes les carènes & à tous les radoubs
qu’on y avoit faits ; & j’étois, pour le moins, auffi en état
que le Fifcai de Manille, le Contador & le Général du
.Çalion, de juger des pièces qu’on me fàifoit voir, & de l’état
de tout le Vaifleau ; enfin, on dreffa un,procès-verbal que les,
.Commiflàires fignèrent ; & il fut prouvé, par ce procès-verbal.,:
que l’ouvrage de M. de Cafeins 11e; vaioit. rieir: le Fifcai fit
igst frais du dîner, & nous nous en. revînmes, le. même foir..
Ce qu’il y a de fingulier, c’eft que les deux mêmes per-
fonnes qui étoient ici contre M. de Cafeins , 1e Fiical & le
Contador, lignèrent ce jour-là contre lui., pendant qu’ils,
avoient ligné pour lui dans la première vifite qui fut faite
le 23 Oélobre de l’année précédente,
De retour à Manille, j’ allai voir, le Gouverneur; il avoit
appris mon voyage, en conféquence il me demanda ce que
j’avois vu ; je lui répondis uniquement, que j’avois vu les
Officiers nommés par fon décret faire fort ftriétement leur
devoir: j’aurois prefque été, tenté de lui dire ce que je.
penlois véritablement;; favoir, que j’étois.fort tenté, à ne plus