qui font auffi très-fortes , mais elles y font très-rares en
comparaifon de celles du Nord-eft.
Le mouillage eft très- bon au Fort-dauphin ; voici la
façon de s’y amarrer.
L ’ancre de bâbord dans le Nord-eft, par fept brailes ; celle
de ftribord dans I Eft-fud-eft, par iix brades ; on a pour lors
fou? le gpuyernaii 2 7 à 28 pieds d’eau : il eft bon d’em-
penneler ces deux ancres qui travaillent en barbe ; une
troifième ançre dans le Nord-eft & une croupière à bâbord ;
il feroit encore bon d avoir une quatrième ancre dans le
Sud-oueft, pour ne pas refter traverfé fur la croupière
lorfque les vents paflent au Sud, quelquefois grand irais.
Les refèvemens du mouillage font les fuivans :
La pointe du relfif au Sud-eft-quart-eft,
Le colombier ait Sud,
Le bout de l’JEft du Fort-dauphin au Sud-fod-eft,
Le bout de l’Oueft à l’Oueft.
La première porte encore entière au Sud-quart-fod-eft,
La pointe d’Itapère à l’Eft 8ç à i’Eft-quart-fud-eft, deu*
lieges & demie à trois lieues,
La roche à l’Eft-quart-fud-eft.,
La tenue eft fi bonne, qu un Vaiiîeau romproit fos amarres,
ou abîmerait deflpus plutôt que de chaflèr ;, mais ¡1 faut ne
pas négliger d avoir de bons cables, parce que Ja brife eft
fi forte & la mer fi groflè, que fi les amarres venoient à
manquer, on irojt au plein fans aucune reifource, & qu’on
s’y briferoit,
avertirai encore ici qu’il faut fe méfier des ancres qui font
au port - dauphin, & que les Vaiflèaux ont fuccelfivement
Randonnées en quittant cette placç, ce qui rend fe mouillage
un peii
tan peu rifquable : il 11’y a guère de Vaiflèaux qui ne laiflènt
une ancre en fortant ; cependant, je crois qu avec un peu
de précaution il feroit rare qu on y en laiflat. Il faudrait, fi
on vouloit s’établir au Fort-dauphin, nettoyer ce mouillage,
parce que les ancres qui y font pourraient couper des cables,
& expofer un Vaifleau à fe perdre.
M. de la Fontaine venoit d’en faire draguer neuf groflès,
& en appareillant une fois de cet endroit, fentant une grande
réfiftance, & ne voulant point perdre fon ancre . comme
aurait pu faire tout autre, il continua de virer; il leva une
ancre de quinze cents, qui fe trouva prife avec la fienne. '
Les vents de Nord-eft font les brifes ordinaires du Fort-
dauphin ; ils y régnent pendant toute l’année , phénomène
afièz fingulier.
Ces vents font d’une force étonnante, foufflant parraffales
ou bouffées; j’en ai vu qui auraient pu paffer pour des coups
de vent, & je doute qu’un navire qui en trouverait en
mer de pareilles, pût porter d’autres voiles que fa mifaine.;
on aurait dit à voir notre Vaiflèau, tant il étoit tourmenté,
qu’il alloit abîmer fous fes amarres. A peine ofe-t-on fortir
pendant la force de ces brifes ; on eft aveuglé par le fable :
il eft fort rare auffi qu’on n’en trouve pas dans le manger
qu’on prépare, parce que les maifons n’étant que de paille,
1e fable emporté & chaffé avec force par les vents, s’infinue
dans tous les appartemèns.
La brife commence ordinairement une heure ou une
heure & demie après 1e lever du Soleil; elle va infenfi-
blement en augmentant , juique vers les trois à quatre
heures après-midi ; elle tombe enfuite. peu-à-peu, mais elle
dure encore quelquefois plufieurs heures après le coucher
Tome IL D d d