qu’il n'eft repréfenté fur la Carte : fa diftance tant à la côte qu’à l’Ifle-
aux - Prunes me paroît fort exaéte ; mais les relèvemens que j’ai«
faits , ne s’accordent nullement avec la diftance de cette île à la terre ,.
telle que cette diftance eft marquée fur la Carte ; d’où je penlè que
l’Ifle-aux-Prunes eft plus près de Madagafcar qu’elle n’eft fur la.
Carte , & qu’il faut la rapprocher d’une lieue de la côte.
Je trouvai à Foulpointe ; M. de Laval , Capitaine des vaiffèaux
de la Compagnie, Chef de Traite à cette côte. Je ne puis trop
publier les attentions de cet Officier à mon égard , la manière dont
il me reçut & me traita pendant mon féjour à Foulpointe, & combien,
il iè prêta aux obfervations que je me propoibis de faire à cette-
partie de Madagafcar ; mais malheureulèment il ne refta pas alfez de
temps à Foulpointe j pour que je puffe y terminer toutes mes obfervations
avant' fon départ ; il devoit mettre à la voile fous peu de jours,.
fur ion vaiffeau nommé le Silhouette , pour. Sainte-Marie & la baie-
d’Antongil : j’aurois pour lors été forcé de refter à Foulpointe fans
lui; & curieux d’ailleurs d’aller à la baie dlAntongil, que je ne pré-
voyois pas avoir occafion de vifîter une autre année , je réfoius de
quitter mon Vaiffeau, & de fuivre la deftination de celui de M. de
Laval.
J’abandonnai donc le L ys , (ans regret , & je paffài à bord du
Silhouette. Je fus très-heureux d’avoir embraffé ce parti; une efpèce
de preffentiment, autant que l’envie de voir la baie d’Antongil, me
l’avoit fugggfé. Je fuis bien éloigné de la fageffê de Soerate ; mais
je peux dire ici avec autant de vérité que lui, que ce prefîêntiment
ne m ’a. jamais trompé-pendant mes voyages; & qu’une voix fecrète
fèinbloit toujours m ’avertir de mes malheurs.
J’eus le temps de vifiter Sainte - Marie & la baie d’Antongil , de
palier vingt jours à cette baie, de retourner à I’Jfle-de-Francie, où
j’arrivai près de quinze jours avant le Lys, tout notre équipage en bon
état; le Lys au contraire eut beaucoup de malades. En panant, pour
revenir à l’Ille-de- France ,. il manoeuvra comme il avoit fait en allant
à Foulpointe : il ne fit pas attention aux vents de Nord - eft qui
régnent dans cette faifon; il prit la bordée du Sud où il s’enfonça fon
Imprudemment ; fon voyage fut d’environ deux mois ; la maladie
■augmenta dans l’équipage ; il manqua de vivres ; le Capitaine mourut en
trois jours des fièvres de Madagafcar, ainfi qu’un Lieutenant; un
troifième étoit très-dangéreufement malade : enfin la moitié de fon
équipage étoit fur.les cadres, fans compter ceux qu’il avoit été obligé
de jete° à la mer. Pour moi, je fis avec M. de Laval, le voyage le
plus agréable qu’il fort peut-etre poffible de faire.
N o u s partîmes de Foulpointe le i" Novembre à 3 heures f
du matin, & remontâmes la côte; à 8 heures, nous étions à 2 lieues
ou deux lieues & demie de la terre : nous gouvernions au Nord-eft,
les amures à ftribord au plus près, très-petit temps, la mer un
peu houlleufe; à midi, nous n’avions pas approché la terre, d’où je
conclus que cette côie court du Nord-nord-eft au Sud-fud-oueft :
nous fondâmes & trouvâmes 30 braffes, fond de corail & de gros
fable rougeâtre. Il fraîchit & à 2 heures & demie, nous étions par
le travers de Fénériffe, grande anfe appelée Galemboule par Flacourt.
Nous nous eftimions à fept ou huit lieues au plus de Foulpointe, ainfi
nous conclûmes que Fénériffe eft placé trop au nord dans la Carte à
grand point de M . d’Après, & qu’il n’eft que de 24 minutes plus fep-
tentrional que Foulpointe. Nous continuâmes la bordée du Nord-eft,
& nous aperçûmes bientôt l’île de Sainte-Marie : a 6 heures, nous
la diftinguames parfaitement; nous avions fondé de temps en temps;
n o u s ne trouvâmes pas plus de 30 braffes, ni moins de 2j. Nous
mouillâmes, parce que les vents nous ferrant trop à ftribord, il 11e nous
fut pas poffible de rallier la terre pour gagner le mouillage. On fila
60 braffes de cables.
Enfin le lendemain 4 , à midi, nous laiffames tomber l’ancre dans
la rade de Sainte-Marie, par 2 j braffes ; nous en partîmes le 6 , à y
heures du matin.
A deux lieues au nord du port de Sainte - Marie , eft, la première
pointe que les Cartes placent vis - à - vis la pointe à
Larée, Ifle de Madagafcar ; mais félon les relèvemens que j’ai faits,
la pointe à Larée eflt un peu plus aü Nord , d’environ une dcmi-
lieue. Nous avions les amures à ftribord, bon frais de Sud-eft, &
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