l’on trouve fur la route de Bantam à Pulo-Condor, croit-il
pour cela être parvenu au but? Le dernier lieu fuppofé
connu, dont on prend çonnoiffance avant que d’arriver à
l ’île Condor & Puio-Timon, a trois degrés de latitude fop-
tentrionale, proche la prefqu’îte de Malacca, à l’entrée du
golfe de Siam : de Pulo-Timon à Pulo-Condor, il y a
environ cent vingt-cinq lieues; ce qui fait, à peu de cholè
près, la plus'grande largeur du golfe de Siam; or, dans ce
court trajet, les Vaiflèaux éprouvent des différences confia
dérables, qui les portent beaucoup à l’Eft de Pulo-Condor ;
différences occafionnées fans doute, pour la plus grande
partie, par le golfe de Siam ; & ces différences font d’autant
plus confidérabies, qu’on emploie plus de temps à aller de
Pulo-Timon à Pulo-Condor: il n’eft pas étonnant de voir
l’erreur monter à vingt, vingt-cinq & même trente lieues.
Il fuit de-là que pour aller de Puio-Timon à Pulo-Condor,
on le tromperait fi on dirigèoit la route fur Pulo-Condor,
& qu’on en pafferoit dans l’Eft à une grande diftance iàns
voir cette île, dont il eft cependant très-important de prendre
connoiffance : on gouverne fur l’aire de vent qui conduirait
à i’Oueft de cette île, d’une quantité à peu-près égale aux
différences ordinaires.
Au refte, ce que je dis ici foppofe que ces différences
de vingt à trente lieues viennent toutes des conrans., mais
qui nous *1 alîiirera ? qui nous affurera auffi de la pofition de
Pulo-Timon ? J’ai vu de bons Marins qui prétendoient que
cette île étoit mal marquée fur les Cartes: quoiqu’il en foit, il
paraît certain que les Marins qui jufqu’ici ont pu croire que
la ppfition de Pulo-Condor, telle qu’elle efl for les Cartes
de M. d’Après, réfulte d’une obfèrvation aftronomique, fe
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . 283
font trompés , & j’ai cru qu’il étoit important de les en
avertir.
Pulo-Condor eft donc un point de Géographie inconnu.
En attendant que quelques circonftances permettent d’y faire
une obiêrvation aftronomique, je foppofèrai la différence des
méridiens entre Manille & cette île , de i y degrés ; cette
différence eft celle dont M. d’Après fe fert pour déterminer
la pofition de Manille, en fuppofant celle de Pulo-Condor
( cOmme nous l’avons vu ) de 105 degrés.
M. d’Après donne dans fon Routier, les raifons qui lui
ont fait adopter ce réfultat de 13 degrés ; & quoique ce
réfultat foit fondé fur des routes de Vaiflèaux, je crois, avec
M. d’Après, qu’il ne s’éloigne pas,beaucoup de la vérité.
Qu’on ne me reproche pas ici ce que j’ai reproché au
P. Gaubil; les chofes ne font pas à beaucoup près égales;
je ne fois ici qu’une fuppofition , que je me garde bien de
garantir, ne connoiffant point d’autres déterminations exactes
en Géographie, que celles qui proviennent des opérations
aflronomiques & géométriques} & quant à M. d’Après, dont
jadopte le réfultat, il ne s’eft pas contenté du Journal d’un
foui Vaiffèau de Pulo-Condor à Manille, il en a conlûlté
piufieurs, & il a fait la même cholè pour le retour; ce qui
donne plus de poids à là détermination.
D après cette hypothèlè de M. d’Après, Pulo - Condor
eft dix lieues plus dans l’Eft qu’il ne le foppofe sd’après le
P. Gaubil ; car en prenant la Longitude de Manille telle
que je 1 ai établie ci-après, d’après un grand nombre d’obfer-
vations exaétes ; de 118 degrés 31 à 32 minutes, & en
retranchant 13 degrés, on aura 105 degrés 3 1 à 32 minutes
pour la longitude de Pulo-Condor.
N n ij