'donnent beaucoup de ibufre; le Roi de Mindanao en tire'
en abondance de l’ancien volcan de Sangil ; les mines err
font inépuilablés, car à chaque éruption, le volcan ajoute une
nouvelle couche de fbufre aux anciennes.
En Janvier 1640 , une des montagnes de Mindanao’^
fituées dans la dépendance du Roi de Buyaen, à foixante
lieues de Sambouangan, fît un bruit épouvantable, &
répandit 1 alarme & la crainte par - tout ; elle fit foi»
éruption avec tant de violence , que tout le fcmmet fauta
en l’air , & fut emporté à deux lieues de diftance, & plus ;
le bruit de l’explofion & les coups répétés répandirent
1 alarme dans un efpace de plus de trois cents lieues : à
Manille, on crut que le bruit venoit de Cavité, & qu’on
s’y battoit ; à Cavité, on s’imagina qu’on- faifoit à Manille
quelque falve. Il n’y avoit pas long - temps qu’on avoit
envoyé de Mindanao du fecours à Ternate; on crut, *à
Sambouangan, que ce fecours en étoit venu aux mains
avec 1 ennemi; à Ternate, ils ciuréht que le fecours qûi
leur venoit avoit rencontré Farinée navale des Holiandois.
Ces différentes erreurs, for le lieu d’où partait le bruit de
iexplofîon, venoient fans doute des differens échos des
montagnes de ces Ifles; mais on fut bientôt défabufé : à
Sambouangan , ils perdirent bientôt le Soleil de v u e , & ils
fo virent enveloppés d’une nuit fi obfcure, qu’ils forent
obligés d’avoir recours aux lumières & d’allumer des
bougies. ^
Le fecours qu’on envoyoit à'Ternate courut plus de
danger, le trouvant beaucoup plus près’du volcan; ils furent
obligés, à bord des Yaiffeaux, d’alumer les fanaux, à dix
heures du matin, & à la faveur de la lumière de ces fanaux,
Bs balayèrent la cendre dont les Yaiffeaux étaient couverts;:
en effet, la montagne en vomit une fi grande quantité, &
elle s’éleVa à une fi grande hauteur , qu il fut facile au vent
de la tranfporter à des diftances incroyables, puifqu’elle vola
aux extrémités de l’Archipel des Philippines jufqu.aux Mo-
biques . à File de Bornéo &. a. Manille.
Sambouangan en eut fa bonne part , & aéluellement
encore on en trouve des marques dans tous les environs;,
au premier coup de pioche, la cendre paroit.
■ La matière de ce volcan fe formoit fans, doute depuis bien
des -fiècles- dans le fein de cette montagne,. & ne mouvant'
point d’iffoe par où s'échapper* elle fe fit un- jour en defo-
niffant les parties de la montagne , & chaffànt .fort loin
Fobflacle qui la tenoit renfermée depuis tant de temps.
La deflruétion de cette montagne v donna naiffance à- un
lac qu’on'trouve au pied, dont les-eaux relièrent blanches-
pendant long-temps, par la grande quantité de cendre*'
qu’elles coiitenoient;■ mais enfin ce lac,-eh fe dégorgeant, a
par fucceffion entraîné ces cendres ,; de forte que fes eaux-
paroifîènt- aéluellement comme un criflal»
Le ciet des» Philippines- efl en général un- peu nébuleux*
quoiqu’il y ait des cantons ou il ie-foit moins que dans
d’autres. De cette dilpofition de l’atmoljfoère, qui efl continuellement
chargée des vapeurs qu’exale un terrein fi fiumfde
uaifîênt ces tonnerres & ces-violentes tempêtes quon éprouvé:
aux Philippines dans différentes faifons de 1 annee.
La tempête la plus remarquable efl celle que 1 on nomme
■ lûguio, dans la langue du.pays: le baguioefl un vent impétueux,'
qui parcourt prefque. tou jours 1 horizon avec une
yiolence fi défordonnée quil ne laiffe rien fur pied» Ceux