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 creufe  on  trouve  tout  fabie, rempli  des excrémens  de la mer,  
 c’eft-à-dire  des  huîtres,  des  moules,  des  madrépores,  Sic.  
 preuve  évidente  que  la mer  a  autrefois  occupé  ces  terreins :  
 Si  en  effet,  dans  quelqu’eridroit  que  l’on  fouille,  on  tire  
 une. fi grande quantité de coquilles d’huîtres &  de produirions  
 marines,  que  ces  efpèces  de  carrières  font  inépuifables,  &   
 c’eft  avec  ces  matériaux  que  l’on  fait  la  chaux  dont  on  fe  
 fort  dans  ces  Iiles. 
 Jean  de  Barros,  auteur Portugais,  qui a  écrit  l’hifloire  des  
 Indes,  dit  à  peu-près  la  même  chofe  de  l’île  de  Ternate,  
 une des Mohiques, de Goa &   des  autres  parties méridionales  
 de  la côte  de  l’Ouefl  de  la  prefqu’Me  en-deçà  le  Gange. 
 « Leur  origine,  dit-il,  fi  on  confulte  les  anciens  du  pays.  
 »  &   la  tradition,  vient  de  la  fleur  de  la  terre  de  la  chaîne  de  
 »  montagnes  qu’on nomme  les  Gates ;  les eaux  qui  defcendent  
 »  de  ces  montagnes,  principalement  dans  les  temps  des  pluies  
 »  &   des  orages,  en  enlèvent  la  terre  &   la  portent  à  la mer:  
 »  alors  la  grande  agitation  de  fes  flots  repouffe  ces  terres,  les  
 »  arrange  fur  fes  bords,,  &   en  forme  des  rivages  Ou  plages;  
 »  par  focceflion,  ces  rivages  ou  plages  fe  font  étendus  par  
 »  l’addition de nouvelles terres,  ce  qui  a  formé des  campagnes  
 »  Si  plaines  de  terre  fine  Si  déliée ,  propres  à  recevoir  toutes  
 »  fortes  de  femences. 
 „   La mer,  loriqu’eUe eil en  courroux,  s’ouvre après  cela  des  
 »  bouches  Si  des  bras  dans  ces  nouvelles  plaines,  Si  fe  rejoi-  
 »  gnant  dans  l ’intérieur  des  terres,  forme  par  ce  moyen  des  
 »  Ifles :  ç’efl  ainfi  que  s eil  formée  l’île  de  Goa.  Selon  ce  que  
 »  difent  les  Naturels  du  pays,  la  mér  battoit  anciennement  
 »  au  pied de cette cordelière ou chaîne de montagnes -,  qui court 
 i’efpace  de  deux cents  lieues  du Nord de l’Inde,  jufqu’au  cap  «  
 de Comorin,  Si  que  des  terres  que les  torrens ont  entraînées  «  -  
 à  la  mer  Si  qu’elle  a  rapportées  ,  s’eft  formée  cette  vafte  «  
 plaine  que  l’on  voit  aujourd’hui  entre  le  pied  de  cette mon-  “   
 tagne  Si  le  rivage  de  la  mer,  plaine  qui  s etend  dans  des  «  
 endroits  à trois  lieues,  Si  dans  d’autres  à  cinq  du  rivage,  8i  «  
 qui  forme  la partie  la  plus  agréable,  la plus  fertile Si la  plus  «  
 peuplée  de  la  partie  de  l’Inde  en-deçà  le  Gange.  “ 
 Si  l’on  creufe  dans  ces  plaines,  on  rencontre  par-tout  des  «  
 veftiges de  la mer, du fable, des bancs,  des coquilles d’huîtres  «  
 Si  d’autres  produélions  marines  en  quantité;  d’où  l’on  doit  «  
 conclure  qu’anciennement  cette  plaine  fervoit  de  lit  à  la  «  
 mer  ». 
 Barros  applique  le même  raifonnement  à  l’île  de  Ternate  
 Si  aux  autres  Moluques  :  il  paroît  en  effet  que  toutes  ces  
 petites  Ifles  qui  giflent  au  large  de Barachina,  ont  anciennement  
 fait  partie  de  cette  Ifle ,  ou  au  moins  que  la  mer  a  
 couvert  les  parties  lès plus  baffes  de  cette terre,  &   quil  neft  
 refié  que  la  partie  la  plus  élevée  Si  les  montagnes ;  la  première  
 couche  que  l’on  trouve  efl  molle  8i  noire ;  les  arbres  
 y   pouffent  très-bien  leurs  racines,  mais  ils  n’y  profitent  pas  
 beaucoup ;  car  en  creufant de  peu de  pieds,  on  ne  rencontre  
 que  du  fable,  des  madrépores  Si  des  coquilles,  d ou  1 on  
 doit  conclure  que  cette  première  couche  de  terre  efl  une  
 couche ajoutée,  de  forte que  les  arbres  ne  font  pas  enracinés  
 bien  profondément;  auffi  l’air  de  fraîcheur  quon  remarque  
 d’abord  à  ces arbres  ne  dure pas  long-temps,  parce  que  leurs  
 racines  ne  peuvent  pas  s’étendre  en profondeur ,  faute  d une  
 couché  de  terre  affez  épaiffe. 
 En confidérarît  les  couvents,  les églifes,  les édifices publics