pas la même chofe à la baie d’Antongil, il n’y a là que le bord
de la mer qui foit habité ; fi on avance cinq à fix lieues dans
les terres, le pays eil pour ainfi dire defert ; les montagnes
font habitées par des.efpèces de fauvages, qui loin de communiquer
avec ceux des bords de la Ëaie, detruifent au contraire
autant qu’ils peuvent leurs récoltes : ainfi , ils ne font pas
long-temps à la baie d’Antongii fans y regorger de nos effets
& d’argent ; car ces gens n’aiment point à travailler j pour
amaiîer des efpëces qu’ils ne pourroient garder long-temps.
M. de Laval avoit propofe aii Gouverneur de 1 Iile-de-
France un moyen, à mon avis très-bon, pour retirer de Madagafcar
une partie de nos piaffres & de nos écus de fix livres,
qu’on y avoit femés en profufion pendant ia dernière guerre;
c’étoit, premièrement, de faire en forte de fe paffer dy
envoyer faire de Traite pendant deux à trois ans, & de n’y
porter pendant ce temps que des eau x -d e -vie , dont ces
peuples font extraordinairement amateurs ; de les leur vendre
à prix d’argent, 8c, ne point prendre aucune autre chofe en
échange: de cette façon , il offrait en deux ans au plus de
faire fortir de ce pays beaucoup d’argent.
L ’inconvénient de ce trop d’argent n’auroit pas lieu, fi nous
avions une Colonie bien établie à Madagafcar; des communications
qu’on aurait néceffairementen même temps avec k
côte de i’Oueft; le commerce qu’on ouvrirait avec les Arabes,
foit par ces communications, foit par mer, faciliteraient ia
fortie du fuperflu des piaftres ; car il ne ferait pas néceffaire
d’aller à Moka, il fuffiroit d’aller à l’île d’Anjouan , peuplée
d’A rabes, & où ceux de la Mer *rouge vont commercer;
dé plus, l’amour que nous confervons tous pour notre patrie,
ru centre de tous ces vaftes $c beaux climats ; amour que je
n’ofe
‘n’ofe & ne peux blâmer, quoiquil foit peut-être contraire S
l’étabiiffement d’une Colonie ferme & durable; cet amour,'
dis-je, empêcherait auffi l’argent de trop s’accumuler dans le
pays, par le rapport qu’en feraient en France les perfonnes qui,
au bout d’un certain temps de commerce, croiraient en avoir
allez amaffé pour revenir dans leur pays fe repofer & jouir.
A r t i c l e v i n g t - c i n q u i è m e .
D e quelques termes de la langue MadecaJJe.
S i on pouvoit juger” de la douceur d’un peuple par la
langue qu’il parle, on pourroit affurer que la langue Madecaffe
étant fonore .& douce, les peuples qui la parlent ne peuvent
être aufli cruels qu’on les a repréfentés julqu’ici.
Tous les noms de cette langue font fignificatifs, comme
on a déjà vu. J’en rapporte ici quelques-uns pour Je confirmer:
v.ola, argent; [ara, bon, beau ; ainfi vola-[ara ( bon argent )
eft chez eux un nom de femme : ra ( quelque chofe ) , ils en
ont formé un nom de femme Ra-vola, quelque chofe d’argent.
Soiia, fignifiebon; ils en ont fait un nom de femme Ra-foiia,
quelque chofe de bon.
Madiou veut dire: blanc ; ils en ont fait un nom de femme
Ra-madiou, quelque chofe de blanc. Cala (petite fille ), ils
en ont fait avec, vola un nom tout-à-fait doux; cala - vola,
petite fille d’argent ; ils difent également cala - [ara, petite
fille bonne.
Ces noms, & plufieurs autres.que je fupprime pour abréger,
n annoncent pas, à mon avis, une fi grande barbarie dans les-,
Madecaflès.
Salama ou falani fignifie bon jour; finar, lignifie, également
bon jour ; tanao, vous, toi: ainfi, lorfqu’un Noir vous
Tome IR D d d d