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A r t i c l e q u a t r i è m e .
D e la température de l'IJle-de-France & de cejle de
l ’Ijle - de - Bourbon ; de la qualité de leur f o l; de leurs
■produttions, é f de leurs objets de commerce.
Ç ’ e s t ici un article important, fur-tout en ce qui concerne
les productions & les objets de commerce'de l’ifle-
de-France. Je ne prétends point'décider fouverainement &
fans appel, je ne ferai que rapporter mes obferyadons'Je
plufieurs années, le tout relativement au climat; le refte n’eft
point de mon reffort.
L’IUe-de-Franceétantà 2 o degrés environde latitude, il doit
y faire fort chaud, cependant la même température ne règne
pas par-tout ; il fait prefque toujours fort chaud au Port-Louis,
pendant que l’air eft beaucoup plus tempéré à Moka, aux
plairies de Wiliems & dans toute la partie au vent de fille,
car ces quartiers étant fort élevés, iis font plus expolès au
vent de Sud-eft qui fe renouvelle fans çeffe, & qui, outre
cela, palîant par-defllis plufieurs montagnes, & par-délits
des forêts, rafraîchit çonfidérabiement l’air.
Le Camp, ou la ville du Port-L,ouis, eft un ter rein prefque
au niveau de la mer, , entouré d’une chaîne de montagnes,
dont la moindre a près de deux cents tojfes de hauteur, &
les principales qui font au vent, en ont quatre cents. La
pofition de cet établjffernent eft Nord-oueft & Sud-eft, à
2 o degrés de latitude méridionale, Le Soleil, en allant de la
Ligne au tropique du Capricorne, échauffe peu-à-peu les
terreins qui font entre ces montagnes, & les montagnes
elles-mêmes; alors elles font, fur-tout en été, l’effet d’un.
fout
four à réverbère ; de forte que l’on n’olê guère tenter la
promenade qu’une demi-heure avant que le Soleil fe couché;
pendant le jour, fi quelque petit nuage paffager cache fe Soleil,
Je thermomètre baille fubitement de deux à trois degrés ; il
remonte aufli vite fi-tôt que le nuage, eft paffé. La chaleur
eft cependant encore fupportabie lorfque les vents fouillent
du Sud-eft ou. du Sud-fud-eft, parce que ces vents font
naturellement frais, & qu’ils fe trouvent encore rafraîchis en
traverfant toute la largeur de f ille , dont la plus grande partie
eft encore couverte de bois ; qu’ils palîent en même-temps
par-delfus une chaîne de montagnes fort élevées, & qu’ils
s’échappent de temps-en-temps par-déifus les montagnes du
Port, en fe précipitant dans la plaine; mais lorfque les vents
tournent par le. Sud en allant à l’Oueft, & fur-tout au Nord-
oueft, ce qu’on nomme Vents du large, ils font pré/que
toujours foibles & en même-temps brûlans, parce que
venant du Nord, où le Soleil le. tient toujours, ils font là
ce que Font ici nos vents de Midi ; ils font de plus arrêtés
par les montagnes, qui les empêchent de circuler librement,
& de fe renouveler allez fouvent. Ces vents, font ordinaires
.depuis Novembre jufqu’en Avril; joignez à cela la proximité
du Soleil au Zénith, puifqu’ii y palfe deux fois fannée, en
Novembre une fois, & en Janvier. On eft très-fatigué à Paris
quand le thermomètre de M. de Reaumur, une fois feulement
fur bien des années, monte à 31> degrés & demi ou 3 ||
degrés, & qu’il fe fondent quelques heures aux environs dq
ce terme; il eft fort ordinaire au Port - Louis de le voir à
cette hauteur cinq à fix jours de lùite depuis midi jufqu’à
quatre à cinq heures du foir; il eft vrai qu’on eft alors dans.
une efpèce d’an.éantiffement,
Tonte If. P p p p