cette dot, en forte qu ils n y mettent nen du leur : cette dot
fe fixoit félon la qualité des fujets, félon un certain ufage
ou une coutume que l’on fuit & que l’on ne tranfgreiTe
jamais ; car fi par hafard les parera® de la nouvelle mariée
demandoient plus qu’il n’étoit d’ufage, ils étoient condamné*
fur le champ à faire un prêtent aux nouveaux mariés, par
exemple, d’un couple d’Efciaves, de quelque bijou en o r ,
ou de quelque portion de terre cultivable : ce qui arrive*
encore quelquefois.
Sur la dot, on prenoit une certaine fomme que l’on
donnoit à la mère pour l’éducation de fa fille & le foin qu’elle
en avoit eu; on prenoit également une autre fomme fur la
même dot: cette fomme-ci fe donnoit à la nourrice qui
avoit allaité la nouvelle mariée.
Aujourd’hui encore, fi par quelque motif il ne fe donne
ppint de dot dans un mariage, on ne manque pas pour cela
de faire payer ces deux droits à l’époux, ce qui quelquefois
efl la Iburce de procès.
La dot fe donne avant le mariage, avec toute la folennité
poffibie, c’eit-à-dire, celle qu’ils font capables de mettre dans
leurs fçtes, au milieu d un grand concours de témoins, de
pareras, d’alliés & d’amis.
Chez les Tagalos, cette dot pafle toute entière entre les
mains des parens de la nouvelle mariée; c’eil une efpèce de
commerce; car de cette façon les père & mère vendent
leur fille , ufage à peu-près pareil à celui de la Méfopotamie.
Si celui qui alpire a une fille n’a pas de l’argent comptant
pour 1 acheter, il s enfuit beaucoup de défêrdres ; car ils
vivent Jura & 1 autre dans un commerce honteux, le tout
à la connoilfance des parens : les garçons fe mettent donc
d a n s l e s M e r s d e l ’I n d e , y i
en condition dans les maifons ; ils y font le lèrvice comme
domeftiques, mais ils ne font domeftiques que pour l’extérieur
, on a pour eux la même amitié & la même bonté que
s’ils étoient les propres fils de la maifon, & on leur iaiife la
pleine & entière liberté d’exercer le mal.
Il n’y a point de peines qu’on ne prenne, difent les Moines,
ni de foins qu’on n’apporte pour déraciner un aibus fi diabolique;
malgré cela, on n’a point pu jufqu a préiént parer à cet
inconvénient, tant l’ufage & la coutume ont d’empire fur
l’eiprit des Orientaux. Avec le titre d’accordés qu’ils donnent
au garçon & à la fille, les parens entretiennent chez eux
un concubinage, qui dure tout le temps que le garçon efl:
à amaifer la dot de fa future ; lorfqu’il a une fois payé la
dot, les nouveaux mariés relient les mains vides; parce que les
parens de la fille prennent l’argent & le gardent pour eux.
Chez d’autres Caftes, cet argent eft mieux employé, du moins
une partie : en effet, de cette partie ils font, à la nouvelle
mariée, toutes fortes de hardes à fon ufage, fur le relie, ils
prennent les frais de la nôçe qui montent alfez haut; tout
cela joint aux droits parrochiaux fait qu’il ne relie encore
rien ou fort peu de choie aux parens des nouveaux mariés ;
en cas que la femme meure,, jamais la dot ne retourne à
celui qui l’avoit donnée, à moins qu’il n’eût une ibumiflîon
aveugle pour les volontés de Ion beau-père & de là belle-
mère , en captivant leur elprit. En ce cas, ils lui remettent
la dot de fa femme ; mais, comme ils favent bien le dire
tous , c’eft un acte de pitié & de compalfion, &. non d’obligation.
Une fille, dont le père & la mère font décédés avant
qu’elle foit mariée, perçoit elle feule la dot fans que per-
fonne puiife intervenir.