Traite, doivent avoir attention dans ia bonne comme danS
ia mauvaife faifon ( s’ils veulent conferver leurs Équipages ),
de n’en laiffer defcendre à terre que ie moins qu’il fera
polî'ible; de ieur régler très-ftriélément la viande, pendant
au moins les premiers jours.
Je me fuis très-bien porté à Foulpointe ; les précautions
que je prenois, n’ont pas peu contribué à entretenir ma fanté-
dans l’état de vigueur où elle s’efl toujours.confervée, même
pendant les commencemens de la mauvaife faifon : dans un
temps où je voyois tomber malade le monde de notre Équipage
au nombre de cinq, fix & quelquefois fept par jour, voici
quelle étoit ma façon de vivre.
Je fortois le matin au lever du Soleil , & je rentrais au
plus tard une heure après; tout le relie de la journée, je le
paffois enfermé dans ma cafe , foit à obferver, foit à lire, foit
à écrire; je terminois la journée en fortant une demi-heure
environ avant le coucher du Soleil, & je rentrais à la nuit
fermante : je mangeois du poiffon par préférence à la viande,
& M . <ie/Laval avoit grande attention qu’il y en eût toujours
un plat à fa table. J’ufois de beaucoup de café.
II y a donc dçux faifons à Foulpointe, celle des vents
de Sud, variables au Sud-efl & à i’Efl-fod-efl, & celle des
vents de i’Eft au Nord-efl; la première efl affez tempérée;
parce que les brifes font très-fortes; qu’elles renouvellent
l’air, & que les eaux n’ont pas ie temps de s’évaporer;
l’autre fàifon n’étant compofee que de petits vents de
Nord-efl, entremêlés de calmes, efl très-chaude: on a pour
lors des orages affreux & de grandes pluies. A confulter les
degrés du thermomètre que l’on verra ci-après pour l’entrée
de cetfeiàifon, on jugera qu’ elle doit être très-chaude.
Dans
Dans cette faifon, les vents régnent le plus généralement
duNord-ouefl au Nord pendant la nuit, & pendant le jour,
du Nord au N o rd -e fl: ce vent de Nord efl accompagné
d’une chaleur confidérable qui defsèche les marécages & les
terres ; les vapeurs nuifibles de ces marais & celles des bois,
font portées par ce vent de Nord ie long de la côte, ce
qui doit infeéler l’air & le rendre très-mal fain; les maladies
qui en réfultent font d’autant plus dangereufes, qu’elles arrivent
à la fuite d’une campagne & d’un épuifement des Equipages,
occafronné par le travail & la débauche.
Lorfqu’on veut aller à Foulpointe , il faut confolter ces
deux faifons qui exiflent réellement, quoiqu’on ait cru , il
n’y a pas long-temps encore, que les vents y régnoient le
plus généralement du Sud-efl.
Dan* la faifon des vents de Sud-efl, c’efl-à-dire, depuis
Avril environ jufqu a la fin de Septembre ou commencement
d’O élobre, il faut prendre connoifîànce de Madagafcar au
* Sud de Foulpointe, à l’Ifle-aux-Prunes , & ranger ia côte
à la diflance de deux fortes lieues au moins.
Toute cette côte efl très - faine ; il ne faut pas cependant
en approcher plus près que de deux lieues, parce qu’il s’y
rencontre des bancs & des hauts-fonds ( Voyez ci-devant,
article III). II n’y avoit .en 176 2 que deuxàtrois ans que Je
Gramtham, tirant 17 pieds d’eau, toucha for un banc de fable
à quatre à cinq lieues dans le Nord de l'IiIe-aux-Prunes, & a
trois quarts de lieue de terre; il y rafla cinq à fix heures :
fort heureufement il ventoit trèsTpetit temps, & le fond for
lequel il fe trouva n’étoit que du fable : il fe toua & para.
On peut paffer fort près du reffif de Foulpointe ; il faut
çepepdant écarter la pointe du N o rd -e ft, lui donner du
Tome II, I i i