que j’âi faîtes fur la ftruchire de cette Ifle, étoient tout-à-faît
contraires à cette opinion.
A r t i c l e p r e m i e r .
Dlvïfion générale de l ’IJle -d e - France ; des Vents,
& de l ’efpèce de Mouçon qui y régnent.
C e t t e Iile d’environ trente-cinq lieues de tour, renferme
beaucoup de montagnes; la partie du Nord eft plus plate,
& celle du Sud plus montueufe.
Dans la première, font les quartiers de la montagne longue,
des Pamplemoufles, qui font les plus bas de tous , où
commencent les montagnes. En avançant toujours à l’Eft,
on trouve le quartier des Callebaffes qui tire fon nom des
montagnes; le Piton, qui eft une petite montagne; la Ville-
bagne, terrein fort élevé; la rivière du Rempart; & enfin
le quartier de Flacq à l’Eft & au vent de l’Me.
La partie du Sud renferme les quartiers de la nouvelle
Découverte, de Moka, Militaire, des plaines de Willems,
& de la petite rivière. Pendant mon féjour je vis Le former
deux nouveaux quartiers, celui du Baffin-Desforges, & le
quartier de Cambrefis, dont les terreins furent concédés par
le Gouverneur & le Confèil fupérieur, aux Officiers dé ce
régiment, alors en garnifon à i’Me-de-France.
D ’après mes obforvations, j’ai jugé que les plus beaux de
tous ces quartiers, & les plus fertiles, étoient le quartier des
Pamplemoufles & celui de Flacq. Flacq donne de beau riz
& en quantité, & du blé également beau. Les Pamplemoufles
donnent les meilleurs blés, les plus beaux maïs de l’Ifle, &
ie plus beau manioc ; la Montagne - longue donne auffi en
abondance de beau maïs & de beaux maniocs,
Les plaines de Willems fe partagent en hautes & baflès :
la partie bafTe eft celle qui avoifine la mer ; c’eft , fans
contredit, la meilleure : la partie haute eft celle qui avance
vers le milieu de l’Ifle où le terrein n’eft pas de û bonne
qualité, & où il eft fort élevé.
Moka eft un beau quartier, élevé, bien uni, & coupé par
des rivières & quelques canaux; mais il étoit mal cultivé,
quoiqu’il y eût matière à y faire des chofes admirables par
le moyen de l’eau que la Nature a prodiguée à ce canton.
Des plaines de Willems au quartier du Baffin-Desforges,
on fait une lieue & demie à deux lieues fans trouver un
feul ruifleau ; on rencontre à la place, des bancs de roches
confidérables, & dans beaucoup d’endroits, les bois fort clairs
& très - maigres ; en forte que la plus grande partie de ce
terrein ne fera jamais propre à la culture. Le quartier du
Baffin-Desforges a beaucoup de bonnes veines de terres; les
eaux de la rivière y font belles, mais ce quartier fera fort
expofé à la féchereflè, ffir-tout, la partie voffine des bords
de la mer; & l’eau, dans ces climats, eft i’ame & la vie de
tous les végétaux ; ils viennent en effet dans les fables & au
milieu des roches, pourvu que la Nature ne leur refufè pas
leur aliment, qui eft l’eau.
Je ne connois point le refte de l’Ifle, ni le grand Port,
ou il y a auffi un quartier, mais de peu d’importance, quoique
le terrein y fo it, ' dit-on, très-bon. C ’étoit ie chef-lieu des
Hollandois pendant qu’ils ont poffédé i’Ifle. On auroit bien
fait, je crois, de les imiter; ce font de grands maîtres dans
lart de fonder des Colonies. Tout le refte de l’Ifîeeft inculte,
& en partie couvert de bois. Le petit Port, Port-Louis ou
du Nord-oueft, eft le chef-lieu & la ville t fi c’en eft une,