» Ce même jour on dilpofa & on mit en batterie deux
» mortiers fur le rempart de la Fondition, avec iefqueis on
» lança beaucoup de bombes dans le camp ennemi & fur fes
» tranchées.
» Le 25», à fix heures du matin, le vaiffeau Amirai & un
» autre Vaiffeau , commencèrent à canonner le bailion de la
» Fondition, & firent un feu défefpéré, qui continua jufqu’à
» huit heures avec ia même aélivité; depuis ce moment jufqu’à
» dix heures, ii fut modéré : dans l’après-midi de ce même
» jour, il entra par la grande paffe ( de Marivelles ) deux
» embarcations, &. fur le champ les ennemis en détachèrent
» deux de leur efcadre, qui, ayant joint les deux qui venoient,
» mouillèrent avec elles proche Manille. On fut depuis que
| ces embarcations étoient deux frégates Angloifes, qui, dans
M un gros temps, fe féparèrent du gros de i’efcadre ; comme
» fit auffi le Namur, qui avoit démâté , & qui avoit été forcé
» d’arriver à Canton; de forte que toute leur efcadre étoit de
” feize voiles.
” Le 3 0 , le bombardement continua, & les Vaiffeaux
’» tirèrent quelques coups de canons. On vit de la place quatre
» chaloupes qui avoient fourioubré ; elles venoient à terre avec
» du monde & des attirails de guerre : le même accident
» arriva à un champan qu’ils avoient pris les jours précédens ;
» cet événement étoit arrivé par la violence des vents d’Oueft
” qui avoient fraîchi: ce fut à quatre heures du loir, & à fix
M heures, une bombarde fit côte vis-à-vis le réduit Saint-
» Antoine-Abbe'.
» Le i .er Octobre, les Indiens de Paffay donnèrent avis
» quun radeau avoit fait côte, & qu’il étoit compole des
» gros mâts, mâteraux & vergues qui avoient appartenu à la
bombarde ; que ce radeau portait les amarres & l’artillerie
de cette même bombarde, & qu’ils avoient vu fur le rivage
beaucoup de monde noyé : fur cet avis , on détacha la
Cavalerie du pays pour qu’elle s’emparât de ces effets ;
mais étant arrivée à l’endroit, elle fut repouffée par la fufil-
lerie ennemie, qui, de fon quartier général de M alaté &
de la Poudrière, avoit accouru afin de couvrir le radeau &
ce qu’il portait. »
Les Anglois, en arrivant à Manille , aboient avec eujc
environ trois cents cinquante François, enrôlés de force ; ces
gens formèrent le projet de les abandonner à la première
occafion. Les Anglois n’avoient pas encore achevé leur batterie,
que la petite troupe Françoifé envoya deux hommes
de confiance pour s’aboucher avec la Place, & pour convenir
avec elle d’une lortie, pendant laquelle la troupe
Françoifé fe tourneroit du côté des Efpagnols : deux hommes
iè facrifièrent ; ils allèrent fans armes, les bras çroilès, le
préfenter aux portes de la ville; au lieu de la leur ouvrir,
on les laiffa maflàcrer par les Indiens qui ne les connoiffoient
pas. On s était formé à Manille mille idées chimériques de
la venue inopinée de ces deux hommes ; mais de quoi
peuvent être capables deux hommes qui viennent iàns
armes, les bras croifës, le préfenter à fa porte d’une ville l
Qu y a - 1 - il à craindre de leur part, pour refufer de les
recevoir î Je penfe qu’on lès prit à Manille pour Anglois,
& q u un motif mal entendu de Religion fut caufe qu’on
fit la très - grande faute de ne pas leur ouvrir la porte.
Quoi qu’il en fo it, ce traitement n’engagea pas d’autres à
fe facrifier ; mais les Anglois fe doutant de quelque réfo-
lution de la part des François ; les mirent hors d’état de