de-France le i .w Avril de ia même année, & avant cette
époque, j’ai vu très - fréquemment à i’Ifle - de - France,
M. Commerfon , qui ne m’a rien dit de cette efpèce rare
d’hommes : je fais que ce iiience de ia part ne fait pas une
preuve contre l’exiftence des Quimos ; mais il falloit au
moins que la choie fût bien iècrète, puifque je n’en ai
point entendu parler à l’Iile-de-France-, pendant plus de
trois mois que j?y fuis refté depuis le dernier voyage de
M. Commerfon au Fort-dauphin.
J’ai vu M. le comte de Modave, avec lequel j’étois très-
l ié , il m’a même rendu des fervices eflèntiels & que je
n’oublierai jamais (Voyez Tome I , page <¡6 & fuivantes) ;
M. de Modave revenoit alors du Fort-dauphin ; je me fuis
très-fouvent entretenu avec lui fur cette Colonie , je ne
me rappelle en aucune façon qu’il m’ait parlé des Quimos,
ni de fa négreife, prétendue Quimofte.
Enfin, M. Commerfon cite pour dernière preuve de
l’exiftence des Pygmées à Madagafcar, un monument fin-
gulier ou plutôt une fable, pareille à celle des Titans qui
voulurent anciennement efcalader le Ciel : A trois à quatre
journées, dit-il (page 2 7 3 ) , du Fort-dauphin, qui eftprefque
dans Iextrémité Sud de Madagafcar, les gens du pays montrent
avec beaucoup de complaifance une fuite de petits mondrains
ou tertres de terre, élevés en forme de tombeaux, qu’ils aftfurent
devoir leur origine à un grand maffacre de Quimos, défaits
en plein champ par leurs ancêtres. J’ignore :fi M. Commerfon
a vu ce monument fabuleux dont il parle ic i; mais
làns aller à trente à quarante lieues du Fort-dauphin, il
aurait pu voir la même choie à peu-près à Itapère, qui n’eft
qu’à deux à trois lieues du Fort-dauphin.
Je ne peux mieux finir cet' article & réfuter cette dernière
fable , qu’en rapportant ici ce qu ecrivoit Flacourt il
y a plus de cent ans,- de cette prétendue race d’hommes,
à la fin de fon avant-propos : Quelques-uns, d it- il, ont
v o u lu faire accroire qu’il y avoit des Géans & des Pygmées;
je m’en fuis informé exprès, ce font des fables que racontent
les joueurs ¿/Herravou. J ’ai vu un endroit proche d’Itapère,
où i l y a une grande quantité de pierres plantées debout, où
Ton nia dit que cétoit des Pigmées qui y étoient enterrés: ces.
Pygmées étoient venus en grand nombre faire une ceurfe dans
le pays d’AnoJfi,. dont ils furent, repouffés jufqu’à la rivière
d’Itapère , laquelle n’ayant pu pajfer faute de bateaux, ils
furent tous mis à mort, & pour marque de viéloire, les victorieux
les enterrèrent tous & drefsèrent ces pierres.
On voit par-là que cette hiftoire des Pygmées à Mada-
gafçar, adoptée par M. Commerfon, n’eft qu’une hiftoire
renouvelée, & dont Flacourt, hiftorien véridique, & qui
avoit, comme je l’ai déjà d it, une très-grande connoiflance
de Madagafcar, avoit vérifié & conftaté la fauffeté cent ans
& plus avant moi.
A r t i c l e v i n g t i è m e .
Sur les Moeurs, Coutumes & le Génie des Habitans
de la cote de l ’EJl de Madagafcar.
Q ü o iq u e nous fréquentions Madagafcar depuis très-
long - temps, je ne fais fi nous en connoiflons bien les
habitans ; & c’eft peut-être en partie faute de les connoître
affez, que nous n’avons pu, jufqu’à préfent, conferver longtemps
nos ÉtablifTemens dans ce pays. Je pourrais parler
fort au long du génie de ces peuples, fi je voulois rapporter