C H A P I T R E T R O I S I È M E .
OBSERVA T IONS Ajlronomiques ¿rMétéorologiques
faites à Manille.
A r t i c l e p r e m i e r .
Détermination de la Longitude de Manille par les Satellites
■ de Jupiter, par une Éclipfe de S o ¡eil, ¿r par l ’angle
horaire de la Lune.
P a r M i le grand nombre d’obfèrvations que j’ai faites
pendant mon féjour dans les mers de l’Inde, celles de
Manille me paroiflént n’’être pas les moins utiles ; elles fixeront
d une maniere inconteflable les limites des mers d’Afie
du côté de i’E fl : la fureté des Vaiffeaux qui vont aux Philippines,
exigeoit la çonnoiffance de la fituation de Manille;
& cette ville elle-même, peut être pour l’Europe le fiége
d’un commerce immenfe, jufqu’à le dilputer en quelque
forte à Canton & à Batavia.
11 nen eft pas de l’île de Luçon comme de toute autre
terre ; une incertitude de dix à douze lieues fur la pofition
des côtes occidentales de cette île , eft de la dernière confé-
quence ; íes Vaiffeaux y arrivent prefque tous dans la mouçon
des vents d’Oueft , vents furieux & violens, qui forment
fouvent, pendant un intervalle de trente à quarante lieues à
lOueft de Manille, le temps le plus formidable qu’on puiffe
effuyer à un attérage : on n’y éprouve que des orages , des
tempêtes, des grains yiolens & ,un temps obfcur ; on eft
fans fomie, par conféquent'fans aucun indice certain de
terre.
Dans une circonftance auffi critique, on eft obligé de
régler fes manoeuvres fur l’éloignement dont on fe fait de
la terre pour ne pas aller à la cote ; o r , quatre a cinq lieues-
de plus ou de moins font précieufes en pareil cas.
M. d’A près, dans fon Routier, & dans fon Neptune
oriental, ouvrage le plus parfait en ce genre qui \ ait paru
jufqu’à préfent, fuppofe la différence des méridiens entre
Canton & Manille de 7 degrés 17 minutes , & celle de
Pulo - Condor à Manille de 13 degrés ; il difcute avec fa
fagacité ordinaire la longitude relative de ces trois points :
cette longitude , très - différente de celle • que l’on trouve
dans Piétergoos & dans le Pilote Anglois, met Manille
beaucoup plus dans l’E lt que ne la fuppofent ces deux
auteurs.
Le premier, beaucoup plus exaél que 1 autre en tout,
s’écarte aufli beaucoup moins de la vraie pofition refpeétive
de ces trois points importans, Pulo - Condor, Canton &
Manille ; cependant il s’écarte encore du vrai, & Manille
eft même encore plus dans l’Eft que ne la fuppofê M. d’Après :
on a peine à concevoir qu’il y ait tant de di verfité d’opinions
fur des diftances auffi petites que celles de ces trois
points , diftances que les Vaiffeaux parcourent dans les
mêmes faifoiis, & avec les mêmes vents ou mouflons. •
M. d’Après prend pour fondement de.la longitude de
la ville de Manille , la détermination géographique, de Pulo-
Condor, par lé P. Gaubil, Jéfùite; mais de quelle nature
font les .fondemens qui ont fervi au P. Gaubil pour cette
détermination, & quelle exactitude en réfulte-t-ii pour la