les v o ile s , & qu’il alloit beaucoup mieux vent arrière que de tout
autre vent.
L e a8 au matin, ne voyant plus les V a ilfe au x , on mit à l ’Oueft-
•fud-oueft jùfqu’à huit heures, puis à l ’Oueft & à l ’Oueft-quart-
, fud-oueft. A onze heures nous vîmes encore un Vailîeau : celui-ci
ne nous inquiéta pas beaucoup ; nous ralliâmes ,1e Comte d'Artois
fans changer de rou te , mais à deux heures après midi nous perdîmes
de vue le VailTeau.qui faifoit route au Sud.
•Le z ÿ , nous étions alfez' éloignés des côtes de France pour nous
croire entièrement hors de la ligne de croiftere des ennemis"; nous
n’avions plus à craindre que la hauteur du cap de Finiftère, en cas
que nous en fuifions pafles trop près. Nous fîmes route à l’Oueil-
;fud-oueft pour éviter les croifeurs qui auraient pu fe trouver aux
environs de ce Cap, & nous en palfames à plus de quatre-vingts
iieues.
. Le 3 , le 4 , le 5 & le 6 d’Avril, nous n’eûmes prefque point de
vent, aufli reffentimes-nous les effets du courant qui précipité continuellement
l’Océan dans cette mer de peu d’étendue que nous
nommons Méditerranée. Le 3 à midi, nous nous eftimions à plus
de deux cents lieues de l’entrée du détroit de Gibraltar ; cependant
le 5 , par l’obfervation de la latitude, nous nous trouvâmes àja même
hauteur que nous avions trouvée le 3 à midi, quoique nous euflîons
couru dans le Sud pendant ces deux jours. Vingt-quatre heures
après, c’eft-à-dire le 6 à midi, nous nous trouvâmes encore au
même point d’où nous étions partis le 3 ; nous avions fait depuis le 3,
environ trente lieues, ainfi ce chemin de trente lieues que nous
parûmes faire, ne nous fervit qu’à balancer la force des courans à
à nous empêcher dé rétrograder vers le Nord, en nous foutenant
•toujours à peu-près à la même hauteur.
L e 7 , nous approchions des îles du Cap-vert : nous avions obfervé
à midi z y * zA de latitude ; il eût été par conféquent dangereux de
continuer la nuit fuivante une rolife qui nous conduifoit fur l ’île de,
Stemgrood; il eût été d’autant plus imprudent de s’y exp ofèr, que
nous n ’avions point encore eu d’occafion de vérifier notre longitude,
'n ’ayant
n’ayant point vu le cap Finiftère ; & le mal de mer dont j ’avois été
attaqué en partant, m’avoit tellement fatigué, que j’étois incapable
de faire la moindre oblèrvation. A fix heures du foir oh vira de bord,
& on gouverna au Nord jufqu’à minuit qu’on jéprit la route du
Sud (b ) .
Nous approchions des yents généraux & alifés, ces vents conftans
qu’on relient entre les Tropiques , & que quelques Phyficiens ont
cru pouvoir attribuer au mouvement, diurne de la Terre fur fon axe.
Les vents que nous avions relfentis jufqu’à ce moment étoient
ce que l’on nomme en terme de mer, vents, variables, parce qu’ils
n’ont point de fiége fix e , c ’eft-à-dire qu’ils ne viennent pas continuellement
du même côté de l’horizon comme font les vents alifés
qui fouillent continuellement du Nord-eft dans la partie boréale,
& du Sud-eft dàns.la partie auftrale. Ces faits, Monfieur, vous
font connus.
Le 1 1 , ces vents variables nous quittèrent étant par 2 7 degrés
& demi de latitude boréale; les vents de Nord-eft leur fuccédèrent
& fembloient prendre des forces à mefure que nous avancions Mans
leurs parages.
L e 1 6 , il ventoit bon frais : félon notrè eftime nous euflîons dû
voir les îles de Sel, de Bonne-vifite, & de Saint-Yago ; mais lèfon
toute apparence, nous avions une erreur confidérable dans notre
point, puifque nous ne vîmes aucune terre ; cependant notre route
tracée fur la carte paffoit par le milieu de l’île de Saint-Yago.
L e 1 7 , étant par 13 degrés & demi de latitude boréale, le
(b) En ry6z, le Majjiac commandé
par M. de Winïïou, & le Dromadaire par
M. ***, alioient de compagnie; étant
par les îles, du Cap-vert, M. Winilou fit,
avapt la nuit, iignal au Dromadaire de
virer de bord : il faifoit gros temps fort
embrumé ; le Dromadaire, ou ne vit pas
le lignai, ou ne crut pas être fi voifin du
danger ; vers les lept à huit heures du foir
il fe perdit fur Saint-Viucent, qui eft une
Tome 11,
île défer te. il ne fe iâuva que foixante-dix-
fëpt perfonnes.
M. de Winflou en arrivant à Flfie-de-
France, nous fit part de fes inquiétudes
fur le fort du Dromadaire ; il fe trouva
qu’elles n’étoient que trop bien fondées ;
les relies infortunés de l’Eqüipage de ce
Vaifléau furent recueillis par un VailîêaH
Hollandois qui alloit au cap de Bonne«
elpérance.