la Langue latine, quoique dans le fond toutes ces Langues foient
différentes.
Ces auteurs penfent que ces Langues tirent leur origine de
la langue Malaye & des Arabes, & qu’ils ont reconnu cette
dernière dans la confrontation qu’iis ont faite .des mots, de
la compofition & de la eonftrudion des phrafës des unes &
des autres, c’ell-à-dire, de la langue Malaye & de celles des
Naturels des Philippines. Quelques-uns de ces mêmes auteurs
affinent que la façon d’écrire de ces Indiens, dorique les
Elpagnols arrivèrent, étoit en formant leurs lignes de haut
en bas, en commençant à la gauche & Unifiant à la droite;
ce qui pronveroit une très-haute antiquité, même félon les
Religieux Elpagnols.
Les Indiens des Philippines n’ont, à ce que difent les mêmes
hiftoriens Elpagnols, que trois voyelles, mais ces trois voyelles
font 1 office des .cinq nôtres, m , e., i , o , u, parce que la
fécondé & la troilième font indifférentes, félon que le demande
lefens du mot qu on prononce ou qu’on écrit; IV& l’i
font formés d un même caractère, & pareillement J’o & l’a.
C e .qui eft bien lîngulier, ils n’ont que treize confonnes;
dans 1 écriture, ces treize confonnes fervent de voyelles &
de confonnantes , parce que -la lettre feule fonne comme a ,
excepté à la tête & dans le commencement du difeours. &
hors la lettre initiale.; ainli, un c & une ni fonnent comme
cama, qui en Elpagnol lignifie lit; il a donc fallu imaginer
Ides points, ils le placent en-deffiis ou en-deffous ; fi on le
place en-deffus, il fonne comme e ou i , & en le mettant
en delfous, il fonne comme o ou comme u; a inli, la
lettre b avec un point en-deffus, fera bi ou be, 8c avec
fe point .en defious t ce fera bo ou bu : donc pour dire
cama
cama ( l i t ) , deux lettrés fuffifent fans point; c m, fi on met
un point au-deffus du c, cm 'voudra dire cerna, que l’on
prononce quema; fi on met les points au-deffous, cm voudra
dire como : les dernières confonnes fe fuppiéent dans tous
les mots ; ainfi pour dire cantar ( chanter ) , on écrit feulement
c r ; & pour dire barba ( barbe ) , b b fuffifent.
Une écriture de cette efpèce devoit être de la plus grande
difficulté ; auffi les Elpagnols affurent unanimement que cette
difficulté, que ces Indiens trouvoient à écrire avec leur
alphabet, le leur a fait abandonner lans beaucoup de peines,
& qu’ils ont pris avec beaucoup de plaifir la façon d’écrire
des Efpagnols. Cela peut être vrai pour ceux de ces Naturels
qui font fournis aux Elpagnols; mais il n’y a pas d’apparence
que cet ufage foit^admis dans tout cet Archipel, & parmi
ceux qui ne reconnoiffent point l’autorité des Elpagnols,
& qui ne font point fous leur joug : les peuples orientaux
m’ont paru nullement avoir de penchant à fuivre les ulàges
des Européens.
Diodore de Sicile dit, « que les peuples de l’île Yambule,
dans les mers d’A fie, écrivoient de haut en bas, & qu’ils
ayoient fort peu de lettres ». Quelle eft cette Ilïe Yambule ! «
Quelques auteurs penfent que c’elt Ceylan, d’autres Sumatra;
Si les Naturels des Philippines fortent des Malays, & s’ils
tiennent leur langage & leur écriture de ces peuples, il ne
feroit pas hors de vraifembiance que l’île Yambule fut l’île
de Sumatra plutôt que Ceylan.
Tome II. I