ils y trouvent un avantage confidérable, à caufe de quantité
de bancs qui les environnent & qui fourmillent de poiffon
de toute elpèce.
Les auteurs Eipagnols qui ont écrit fur cette Iile, conviennent
tous que fa température eft fort faine , & que
1 air y eft très - ierein ; le jour on y reipire une gaieté
charmante; les pluies qu’on y reffent, quoique fréquentes,
paffent cependant avec tant de rapidité, qu’elles femblent
ne venir que pour donner plus de ffiftre au jour & pour
tempérer i’ardeur du climat. C ’eft donc à peu-près à Jolo
comme a la cote de Goromandei en Décembre, Janvier de
Février. Quelque riant que fe lève le jour à Jolo, on a
toujours à craindre une pluie auffi abondante que fubite,
c eit ce qui fait de cette Iile un climat fi tempéré & fi fain;
parce que les chaleurs étant auffi fortes quelles le font dans
ces parages, la terre a laquelle le Giel refuie ce lecours,
difent les auteurs Eipagnols, relient les accidens fâcheux
qui font les fuites ordinaires de ces grandes chaleurs ; « par
cette raifon, dit le P. Combés, on ne reffent point â Jolo,
ces fievres malignes 8c pourprées, qui font fi communes à
Sambouangam, où le Ciel vend fon eau fi cher qu’elle
coûte toujours des Prières & des Oraifons » ( y affy, dit le
texte , no fe experimentan los ordinarios Tabardillos que en
Sambouangam, donde el agua la viende el Cielo tan car a
que fiempre cuefla oraciones y plegarias ) .
La différence de température dans l’air & daiis la falubrité
à Sambouangam & à Jolo, quoique plaéés dans ie même
climat & proche de la Ligne, vient de l ’alpeét & de la pofition
de ces deux lieux.
A Sambouangam, 1 air doit difficilement fè renouveler,
d a n s l e s ' M e r s d e l ’ I n d e . 83
ce polie eft à 1 abri des vents de Siid-érf 8c d’E f t , qui foiit
les vents généraux & dominans; plufieurs Mes, dont il y
en a une très-confidérable, le couvrent de ce côté; à l’Eft
& au Nord, Sambouangam ell également à l’abri des vents
d’Elt & de Nord, par la hauteur de l’île de Mindanao, &
le peu d’air qu’on y doit refpirer dans la failôn des vents
de Nord, doit charier avec lui des particules nuifibles qu’il
enlève des bois, des marais & des lagunes: on doit donc
relîentir à Sambouangam des chaleurs exceffives, & y éprouver
des maladies. L’île de Jolo ell très - ifolée, petite (elle n’a
pas plus de huit à neuf lieues de l’Eft à l’Oueft, & quatre
à cinq du Nord au Sud ) , peu élevée en comparaifon de
Mindanao. Les vents généraux doivent donc palier librement
par-deffus cette M e , emporter les nuages, les orages & les
pluies avec rapidité, & faire, par ce moyen, lùccéder prefque
fubitement un ciel ferein à un ciel nébuleux; il en doit être
de même de foutes les Mes peu confidérables & éloignées
des grands continens, car ce n’eli pas, comme il me paroît
que quelques Voyageurs l’ont déjà obfervé, ce n’ell pas,
dis-je, la grande abondance de pluie qui rend les environs
de la Ligne mal fains, c’eft feulement le féjour que cette eau
fait dans les lieux bas & à l’abri des vents.
Cette remarque eft évidente à Madagalcar & à Java,
& fi nos Mes de France & de Bourbon, fi voifines de
Madagafcar, font cependant fi faines, en comparaifon de
Madagafcar, leur falubrité vient de leur peu d’étendue, &
de ce que les eaux du ciel n’y féjournent point comme elles
font à Foulpointe & à la baie d’Antongil, &c.
L’île de Jolo, quoique petite,'eft précieule, & une des
plus intéreffantes de cet Archipel ; elle a des éiéphans & des
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