•de ruiffeaux, de rivières & de marais que ion rencontre,
qui rendent impoffibles les voyages par terre.
Dans ia partie de l’Eft & du Nord, on a pour lors fort
beau temps; mais pendant le mois d’Gétobre & ceux qui
fui vent, les vents du Nord fouffient le long de cette côte
avec la même furie, & accompagnes de la même abondance
de pluie ; les mêmes débordemens s’en fuivent ; de forte que
quand le temps eft feç dans un canton, on a les pluies dans
l’autre , ainfi on eft toujours entre deux eaux dans ces Mes:
c’eil cette dilpofition admirable des faifons qui rend les Philippines
fi fertiles ; il réfulte de-là qu’encore que le climat
des Philippines foit extraordinairement chaud & naturellement
fec, le fol efi: frais & humide ; cette fraîcheur & cette humidité
fe communiquent aux corps humains & aux plantes.
C e qui tempère encore les chaleurs dans ces Mes, eft un
Equinoxe prefque perpétuel ; le temps le plus chaud de la
journée eft depuis dix heures du matin jufqu’à trois heures
après midi, avec peu de différence ; le refte du jour eft
tempéré par le moyen des vents de mer, ou des vents de
terre quand ils fouillent, qui H t fiais & humides. On lue
beaucoup aux Philippines ; on h’y éprouve pas pour cela la
fatigue qu’on relîèrat en Elpagne dans lés grandes chaleurs ;
cette grande lueur doit moins s'attribuer à la chaleur qu’à
l'humidité qui pénètre les corps, fiât à caufe de la nourriture
qu’ils prennent , foit à caufe de d’humidité continuelle de la
terne : il n’y a point-, à proprement parler, de chaleur exorbitante
dans ces îles, ¡encore moins de froid ; d’un l’antre
ïte s’y font point fentir à d’excès : on éprouve cependant
une différence de température dans ces deux faifons. Lorfi-
que des vents de Nord & dès «oliatéraux lou'filent, ce qui
d a n s l e s M e r s d e l ’ I n d e . i i
coriimenee ordinaireinenlen Décembre; on éprouve une petite
fraîcheur qui dure jufqu’en Mars; elle eft plus grande en
Décembre & en Janvier, Relativement à ces. Mes, cette
fraîcheur peut s’appeller froid ; mais, non pas relativement
à d’autres climats, comme le font ceux d Europe ; car quoiqu’on
ait befoin de fe couvrir un peu davantage la nuit, &
que l’eau foit plus fraîche dans l’hiver que dans l’été-, jamais
elle ne gèle; jamais on ne tremble de froid: les Infulaires
ne favent point de quelle couleur font la grêle, la neige &
la glace ; dans les terres un peu élevées ou qui font plus à
découvert, & par conféquent moins à l’abri des vents de
Nord, on fent un peu plu? de frais; les Indiens mal vêtus
y tremblent de froid.
Les chaleurs commencent à la mi-Mars; c eft alors que
les brifes de l’Eft au Sud-eft fe déclarent: cesbrifès durent
environ deux mois, après lefqueis elles font forcées de céder la
place aux vents d’Avai; mais ii fe fait auparavant un eopfliél
entre ces deux vçnts, d’où il réfulte d’affez grandes êhaleurs,
des orages, des éclairs & des tempêtes qui affaiiliffent comme
à l’improvifte, & qui font le lignai de l’arrivée des vents
d’Avai.
Les vents d’Avai ne font point nuifibles à ia fimté; ils
ouvrent les pores & font fuer confidérabiement : chofe ne-
ceifiüre aux Philippines ; c’eft ce qu’on éprouve, fur-tout
à Manille & dans fes environs.
On a remarqué que ces Mes font plus falutaires aux per-
fonnes d’un âge avancé qu’elles ne le font aux jeunes gens ;
p’eft que lés perfonnes avancées en âge ont plus de prudence
& fe comportent mieux dans leur régime de vivre que ne
le font les jeunes gens; fi ceux-ci font de trilles expériences
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