On vo lt, par la première des Tables précédentes, que
le thermomètre expofé au Nord, eft conilamment de cinq à’
ftx degrés , quelquefois de plus de neuf, plus haut que
celui qui étoit expofé à la brife du Sud; cette différence fe
remarquoit encore, par la fenfàtion que nous éprouvions
lorfque nous paflions d’un lieu expofé à la brife du Sud, à
un autre qui en étoit à l’abri : j’avois une cafe dans laquelle
j'avois eu foin de procurer le paifage à la brife du Sud, &
j’y jôuiifois, fur une nate étendue par terre, d’une température
de vingt-cinq à trente degrés, que je trouvois, grâces
à la brife, aflèz fupportable; mais fi je me tranlportois dans
un lieu qui ne donnoit aucun paffàge à la brife, j’éprouvois
une chaleur terrible , & j’étois fouvent obligé de rentrer
dans ma paillote. Sans la brife du Sud, les chaleurs, comme
l’on v o it , feroient aulii fortes à la baie d’Antongil, qu’on
a vu qu’elles le font à Pondichéry pendant les vents de
terre ( Tome /, p. 4 7 7 ¿Y fuivantes ) . On n’ofe point fe
préfenter à l’air pendant le jour ; heureufement les nuits y
font fraîches ; j’y ai toujours fupporté une couverture de
laine, & je jouiflbis avec cela de la plus agréable température
: c’eft ce qui contribuoit à me faire trouver la chaleur
du jour infupportable ; car la différence de la température
de la nuit au jour , alloit comme l’on voit i 20 degrés au
milieu des fables. É
Nous avions foin de faire jeter de l’eau par-tout dans
notre falle à manger , tant contre les parois que par terre;
malgré cette précaution , que l’on prenoit tous les jours
avant midi, un thermomètre que j’y plaçai un jour, refta
conilamment à 3 1 degrés pendant tout le repas.
J’étois obligé, lorfque j’obfervois le Soleil, de prendre
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les plus grandes précautions pour éviter les coups de Soleil,
qui, dans ces climats, tuent lès Européens en deux ou trois
fois vingt-quatre heures, & très-fouvent en moins: les
Originaires font faits à cette ardeur du climat ; ils vont
pieds nus & tête découverte dans les fables ardens;, fans
qu’il leur en arrjve le moindre accident.
On peut encore faire une remarque fur les Tables que
je joins ici ; favoir , que le thermomètre n’eft pas monté
plus haut, foit qu’il ait été enterré de quatre pouces dans
le fable, foit qu’il ne fût point enterré, & que la fiole ne
fît que pofer fur le fable , &c.
La baie d’Antongil paffe depuis long-temps pour un pays
très mal-fain. Voici ce qu’on lit dans Flacourt à ce fujet:
C’efl en cette Baie qu’ont fréquenté les Hollandois, y allant
négocier pour acheter des Efclayes ¿Y du rij ; ils ' ont eu
une habitation de dou^e Hollandois, dont huit font morts
de maladie, pour le lieu qui ifi très mal-fain, les Autres ont
été majfacrés pour avoir été trop infolens aux gens du pays.
Nous fommes aujourd’hui les feuls qui fréquentons. la
baie d’Antongil, & nous difons auiîï que Je ~pays efl très-
mal-fain ; cependant, on y diftingue deux faifons comme à
Foulpointe : ces deux faifons font à peu-pres les mêmes dans
les deux endroits; néanmoins, j’ai vu que la plupart des per-
fonnes qui connoiiïoient bien ces deux endroits, donnoient,
pour hiverner, la préférence à la baie d’Antongii fur Foulpointe
: c’eft ce que je ne puis décider par ma propre
expérience. Il efl vrai, qu’à en juger par ce que j’ai v u , je
ferois affez porté à croire Foulpointe plus mal-fain que la
baie d’Antongil, parce qu’il m’a paru quil y a plus de
marécages & d’eau croupiflante à Foulpointe qu a la baie